OPiCitations

Auteur "y" : 602 résultats (sur 3397 citations)

quotation

À l’envers des nuages, il y a toujours un ciel.

enfer

Comment savez-vous si la Terre n’est pas l’enfer d’une autre planète.

religion

Dans les premiers siècles du christianisme, beaucoup de rites et de fêtes païens furent baptisés, pour ainsi dire, et utilisés aux fins de l’Église.

saint

En contraste avec le quiétiste, il y a le contemplatif-actif, le saint, l’homme qui, comme l’a dit Eckhart, est prêt à descendre du septième ciel afin de porter un verre d’eau à son frère malade.

miracle

En outre, il faut toujours résister à la tentation d’accomplir des miracles.

noblesse

La civilisation n’a pas le moindre besoin de noblesse ou d’héroïsme. Ces choses-là sont des symptômes d’incapacité politique.

morale

La moitié au moins de toute morale est négative et consiste à se garder du mal.

propagande

La philosophie nous enseigne à douter de ce qui nous paraît évident. La propagande, au contraire, nous enseigne à accepter pour évident ce dont il serait raisonnable de douter.

art

L’art, je le suppose, ne s’adresse qu’aux débutants, ou bien à ces gens résolus à rester dans leur impasse et à se contenter de l’ersatz de la Réalité, des symboles plutôt que de ce qu’ils signifiaient, du menu élégamment composé, au lieu du dîner effectif.

bonheur

Le bonheur ne s’obtient pas par la poursuite consciente du bonheur ; il est généralement le sous-produit d’autres activités.

histoire

Le fait que les hommes tirent peu de profit des leçons de l’Histoire est la leçon la plus importante que l’Histoire nous enseigne.

honneur

L’honneur ressemble aux jupes des femmes. Il se porte long, il se porte court, il se porte large, il se porte étroit, il se porte avec des jupons, il se porte sans culotte.

savoir

Littéraire ou scientifique, libérale ou spécialisée, toute notre instruction est essentiellement verbale, et, en conséquence, elle ne réussit pas à accomplir ce qu’elle est censée faire. Au lieu de transformer les enfants en adultes pleinement développés, elle fabrique des étudiants en sciences naturelles qui n’ont aucune conscience de la Nature en tant que fait primordial d’expérience, elle inflige au monde des étudiants en humanités qui ne connaissent rien de l’humanité, la leur ou celle de quiconque.

amitié

L’une des fonctions principales d’un ami consiste à subir, sous une forme plus douce et symbolique, les châtiment que nous désirerions, sans le pouvoir, infliger à nos ennemis.

miracle

On pourrait tout aussi bien arguer qu’on est secouru directement par Dieu parce qu’on a un réfrigérateur qui marche, ou parce que quelqu’un répond quand on compose un numéro sur le cadran du téléphone.

musique

Pour exprimer l’inexprimable, il y a d’abord le silence, puis la musique.

science

Toute découverte de la science pure est subversive en puissance ; toute science doit parfois être traitée comme un ennemi possible.

liberté

Les grands écrivains, en quelques pays, sont toujours comme un état dans l’État : tous les régimes leur préfèrent les médiocres et les serviles.

sagesse

Qui vit en accord avec soi-même fait toujours bonne contenance.

quotation

— Dites-moi, vermisseaux, pourquoi êtes-vous venus jusqu’ici ?
— Pour apprendre à créer de beaux jeux, maître !
— Mais non, crétin ! Nous sommes ici pour apprendre à les vendre !
— Exactement, gamins : avant de créer des jeux, il faut savoir qui va les acheter et comment les embobiner pour qu’ils viennent se prendre dans nos filets de vente. Les citoyens non-technos, autrement dit nos clients, 90% de la population galactique, ne savent pas ce qu’ils veulent, ils sont habitués à laisser les autres prendre des décisions à leur place… Ils sont bêtement contents d’eux… Ils acceptent les coups du sort comme une fatalité… Ils ne font pas de projets par peur des critiques, répriment leur énergie sexuelle ou la gaspillent sans la transformer en acte créatif… Ils vivent au milieu d’émotions négatives, la peur, la jalousie, la haine, la vengeance, l’avidité, la paresse, la colère… Ils paraissent gentils, mais, au fond d’eux-mêmes, ce sont des assassins, et comme ils n’osent pas tuer ceux qu’ils détestent, ils s’autodétruisent petit à petit… Nous devons profiter de leurs défauts et de manière détournée, subliminale, les encourager… Plus il sera un raté, plus le citoyen achètera nos jeux pour se fabriquer artificiellement une vie de jouissance et de triomphes…
— Bravoo !
— Nooon !
(L’école pénitentiaire de Nohope)

quotation

L’accident est un facteur éliminé par la reconversion robotique… Le travail manuel est condamné à disparaître… Amen !
(Tome Premier : Othon le Trisaïeul)

cauchemar

L’horreur cache un message positif !.. Un cauchemar est un cadeau déguisé !..

quotation

— Mmm… Debout, peau de zob, l’école virtuelle nous attend ! Il nous faut assimiler parfaitement ses techniques de vente !
— La ferme, démon ! Je ne veux pas devenir un marchand d’immondices. Je veux être le créateur de mondes merveilleux !
— Ces rêves infantiles sont ridicules ! L’art est un commerce de plus, rien d’autre. Nous devons apprendre à exploiter la névrose de nos clients, prends-toi une douche glacée et allons-y !
— J’en ai assez que tu me donnes des ordres ! L’école virtuelle est une abomination ! Il faut que j’arrive à t’enfuir une fois de plus au fin fond de mon subconscient !
— Mon moi supraconscient est plus puissant que toi, polymorphe dégénéré !
— Tu ne peux rien contre moi, fond-toi dans ma lumière !
— Les lois de cet univers sont abjectes ! Pourquoi la lumière doit-elle toujours vaincre l’obscurité ?
— Fonds-toi en moi pour que, enrichi de ta force, je me dissolve à mon tour dans Albino.
— Finie l’école virtuelle !
(L’école pénitentiaire de Nohope)

réalité

Tu as tort, J.D.F. !.. Tu as tort de préférer l’illusion à la réalité !..

domination

Bien informés les hommes sont des citoyens. Mal, ils deviennent des sujets.

poésie

Les animaux lâches vont en troupes. Le lion marche seul dans le désert. Qu’ainsi marche toujours le poète.

travail

Le travail est beau et noble. Il donne une fierté et une confiance en soi que ne peut donner la richesse héréditaire.

vie

Qu’est-ce qu’une grande vie sinon une pensée de la jeunesse exécutée par l’âge mûr.

silence

Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.

livre

Un livre est une bouteille jetée en pleine mer, sur laquelle il faut coller cette étiquette : Attrape qui peut.

quotation

La goutte de pluie a une chance de faire valoir son individualité, à condition de ne pas tomber directement dans la rivière.

espoir

Si vous passez votre vie à attendre ce que vous espérez, il y a gros à parier qu’il vous arrivera ce que vous n’attendez pas.

quotation

Je fait très sérieusement des choses superficielles.

précision

Monsieur a tendance à être à cheval sur le sens des mots, à ce que je vois ? C’est assez fréquent chez les sous-hommes de lettres.

violence

Mourir parmi les fracas et les gueulantes de la Neuvième de Beethoven, ou bien vivre dans un monde rassurant et idiot de carillons d’horlogerie ?

quotation

On s’en prend toujours aux religieuses. Leur pureté est une insulte à la face impure de ce monde.

science-fiction

Texte du plus court roman de science-fiction :
« Ce matin, le soleil s’est levé à l’ouest. »

perfection

Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n’y a plus rien à ajouter, mais quand il n’y a plus rien à retrancher.

quotation

On ne connaît que les choses que l’on apprivoise.

sentiment

On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.

vie

Si la vie est un rêve, rêvons du moins que nous sommes heureux.

religion

In corporate religions as in others, the heretic must be cast out not because of the probability that he is wrong but because of the possibility that he is right.
Dans les religions d’entreprise comme dans d’autres, l’hérétique doit être chassé non pas à cause de la probabilité qu’il ait tort mais à cause de la possibilité qu’il ait raison.

quotation

Ma meilleure crème de beauté, c’est la bonne conscience.

banalité

Je crois que la banalité est très anormale.

quotation

[…] une fois éliminées toutes les impossibilités, l’hypothèse restante, AUSSI IMPROBABLE QU’ELLE SOIT, doit être la bonne !

quotation

Envies-tu le destin des statues qui jamais ne se rencontrent, qui jamais ne se touchent ?…
(Plus ne m’est rien…)

quotation

— Donnez-moi mon rouge à lèvres. Il est dans ma poche.
— Elle est morte devant nous Sailor. Pourquoi ? Elle n’a pas le droit de faire ça.
— Allons-nous en d’ici.
  Jésus Marie Joseph.

quotation

Le scénariste baratine la fille. Et c’est le réalisateur qui se la tape !

gag

— Supposons, dit un Russe à son ami, que le gouvernement autorise à émigrer tous ceux qui le souhaitent. Que ferais-tu ?
— Je grimperais au sommet d’un grand arbre.
— Et pourquoi cela ?
— Pour ne pas être écrasé par la foule !

logique

Tu entends ? Même les corbeaux qui croassent sur les toits s’enquièrent : « Qu’est-ce qu’une implication logique ? »

honnêteté

On reconnaît les honnêtes gens à ce qu’ils font leurs mauvais coups avec plus de maladresse que les autres.

politique

Tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique.

principe

Il faut s’appuyer sur des principes. Jusqu’à ce qu’ils cèdent.

opinion

Je pardonne aux gens de n’être pas de mon avis. Je ne leur pardonne pas de ne pas être du leur.

qualité

Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console.

vie

Il faut vivre comme si c’était pour toujours, et prêt en même temps à partir en vitesse, les bagages bouclés et les affaires en ordre.

quotation

La force de nos refus est le gage de la fermeté de nos sentiments : il faut qu’un oui soit fondé sur le courage des non.

livre

Les livres ont toujours plus d’esprit que les hommes qu’on rencontre.

vie

La vie est un labyrinthe dans lequel nous prenons la mauvaise direction avant d’apprendre à marcher.

quotation

  A beginning is a very delicate time. Know then, that it is the year 10191. The known universe is ruled by the Padishah Emperor Shaddam IV, my father. In this time, the most precious substance in the universe is the spice Melange. The spice extends life. The spice expands consciousness. The spice is vital to space travel. The Spacing Guild and its navigators, who the spice has mutated over 4000 years, use the orange spice gas, which gives them the ability to fold space. That is, travel to any part of the universe without moving.
  Oh, yes. I forgot to tell you. The spice exists on only one planet in the entire universe. A desolate, dry planet with vast deserts. Hidden away within the rocks of these deserts are a people known as the Fremen, who have long held a prophecy that a man would come, a messiah, who would lead them to true freedom. The planet is Arrakis, also known as Dune.

— Princess Irulan
  Le commencement est toujours un moment délicat. Nous sommes en l’an dix mille cent quatre-vingt onze. L’univers est dirigé par l’Empereur Padisha Shaddam IV, mon père. La substance la plus précieuse de l’univers est le Mélange, une épice gériatrique. L’épice prolonge la vie. L’épice accroît la conscience. L’épice est vitale pour les voyages spatiaux. La Guilde Spatiale et ses Navigateurs, que l’épice a fait muter en 4000 ans, utilisent le gaz d’épice orange qui leur permet de plier l’espace et d’atteindre n’importe quel point de l’univers sans bouger.
  Oh, j’allais oublier un détail. On ne trouve l’épice que sur une seule planète. Une planète aride, couverte de vastes déserts. Ses rochers abritent un peuple appelé les Fremens ; ils attendent depuis des siècles l’arrivée d’un Messie qui les conduirait à la vraie liberté. Cette planète, c’est Arrakis, qu’on appelle aussi "Dune".

princesse Irulan

programmation

  To me programming is more than an important practical art. It is also a gigantic undertaking in the foundations of knowledge, and it is certain to add immensely to our understanding of what we know and how we know it.
  Pour moi, la programmation est plus qu’un art appliqué important. C’est aussi une ambitieuse quête menée dans les tréfonds de la connaissance, et il est certain que cela ajoutera énormément à notre compréhension de ce que nous connaissons et de la façon dont nous le connaissons.

quotation

Les femmes ne pardonnent jamais qu’après avoir puni.

éducation

Mais quelle signification donner au mot "éduquer" ? Étymologiquement, le mot éduquer vient de "e-ducere" c’est-à-dire "conduire hors de", montrer un chemin pour "advenir à soi", mais il s’est dégradé au siècle passé en "educare", c’est-à-dire : "nourrir".

bouddhisme

Il n’a pas pour objectif de devenir bouddha, il ne rejette rien parce qu’il n’y a rien à rejeter, il ne saisit rien parce qu’il n’y a rien à saisir.

bouddhisme

  Les maîtres inventent pour échapper aux clichés, aux lieux communs, aux ornières du langage et aux pensées toutes faites. Ils puisent dans le quotidien, parfois dans ce qu’il a de plus trivial, pour donner à leurs disciples l’occasion d’un éveil. Ils les invitent à rejeter (tuer) tout ce qui leur apparaît au-dedans comme au-dehors car c’est « le moyen d’échapper à l’esclavage » (Linji).

bouddhisme

  Qu’est-ce que répondre réellement à une question ? C’est donner au questionneur une réponse qu’il n’attendait pas et qui le déconcerte. Dans le langage courant, les questions qui n’appellent qu’une approbation de pure forme sont légion ; ainsi du rituel : « comment allez-vous ? » ou des conversations sur des lieux communs où se succèdent les clichés. Ces échanges banals ne véhiculent pas d’information, leur objectif est d’établir ou de maintenir la communication entre les interlocuteurs. Ils n’engendrent rien que de prévisible et de convenu ; c’est ce que l’on appelle parler pour ne rien dire. L’un des mérites des maîtres du chan est d’avoir intuitivement compris que la source de ces bavardages stériles n’est pas la sottise humaine, mais les contraintes exercées par le langage lui-même.
  Celui qui pose la question : « Qu’est-ce que le Bouddha ? » s’attend qu’on lui parle de compassion, de sagesse ou de sainteté, de souffrance ou encore des phénomènes et de la vacuité. La réponse que fait Dongshan : « Trois mesures de chanvre », ne permet pas au moine qui a posé la question de stagner sur ces sujets fondamentaux. Dongshan évite l’écueil qui consiste à donner une réponse prévisible, car une telle réponse encourage la pensée à poursuivre son cours. En répondant « à côté » de la question, il réussit, d’une part, à ne pas enfermer le Bouddha dans une définition incomplète par nature qui ne pourrait qu’égarer le disciple et, d’autre part, ce qui est plus important dans l’instant, à stopper le flux de sa pensée. C’est aussi ce que fait Xuefeng lorsqu’il répond à Yunmen, qui lui pose la même question : « Ne délire pas ! »

critique

Au dernier acte, l’héroïne est étranglée par un de ses admirateurs. À mon avis, le meurtre arrive trop tard.

quotation

Interior

Her mind lives in a quiet room
a narrow room, and tall
with pretty lamps to quench the gloom
and mottoes on the wall.

There all the things are waxen neat
and set in decorous lines
and there are posies, round and sweet
and little straightened vines.

Her mind lives quietly apart from
cold and noise and pain
and bolts the door against her heart
out wailing in the rain.
Vie intérieure

Sa raison, sa pensée, vit dans une chambre calme,
une chambre étroite, au plafond haut portant,
aux lampes décorées pour noyer la grisaille,
devises et slogans épinglés aux parois.

Ici, toutes choses sont cirées propres en ordre,
arrangées, groupées, harmonisées,
fleurs des champs en bouquets poétiques encensés,
quelque lierre aussi, tiré en ligne droite.

Sa pensée, sa raison, s’installe doucement, s’isole
du froid, du bruit, de la douleur,
et tire le verrou, ferme la porte à son cœur
qui mugit dehors sous la pluie.

suicide

Résumé

Razors pain you;
Rivers are damp;
Acids stain you;
And drugs cause cramp.
Guns aren’t lawful;
Nooses give;
Gas smells awful;
You might as well live.
Curriculum vitae

Le rasoir fait mal ;
La rivière est mouillée ;
L’acide fait des taches ;
Le poison donne des crampes.
Le revolver n’est pas légal ;
La corde rompt ;
Le gaz ne sent pas bon ;
Alors autant vivre.

argent

Si vous voulez savoir ce que Dieu pense de l’argent, vous n’avez qu’à regarder ceux à qui il le donne.

acteur

On demande très souvent aux acteurs comment ils supportent le fait de répéter indéfiniment les mêmes choses chaque soir. Mais n’est-ce pas ce que nous faisons tous ? Alors autant se faire payer.

mathématique

Seul Euclide a vu la Beauté nue.

quotation

Quand il souffle, le vent de la montagne est violent. Mais quand il ne souffle pas, il ne souffle pas. Tout simplement.

vie

Qu’elle ne revienne jamais
Est ce qui rend la vie si douce.

quotation

Il n’y a rien de bon ni de mauvais sauf ces deux choses : la sagesse qui est un bien et l’ignorance qui est un mal.

argent

Les seuls problèmes que l’argent peut résoudre sont des problèmes d’argent.

exemple

L’exemple du bâton a quelque chose d’exemplaire, qui en fait l’exemple exemplatif de l’exemplarité.

savoir

Comment savoir tout sans vieillir ?

quotation

Le sommeil de la raison engendre des monstres.

névrose

Ce médecin – excellent accoucheur, je suis forcé et même forcepsé d’en convenir – n’avait pas pensé dans sa cervelle d’oiseau à une troisième solution : on peut échapper à la mort sans devenir fou, il suffit de devenir névrosé.

quotation

L’hostilité fut sourde, c’est-à-dire muette.

Dieu

Je ne crois pas en Dieu, je le vis.

science

Yet only the very naive may think that it is easy to write a paper that is easy to read, or that it is a simple thing to point out a significant problem that is capable of a simple solution.
Pourtant, seuls les plus naïfs peuvent penser qu’il est facile d’écrire un article facile à lire, ou qu’il est simple de pointer du doigt un problème important susceptible de trouver une solution simple.

impossible

Le difficile, c’est ce qui peut être fait tout de suite ; l’impossible, ce qui prend un peu plus de temps.

scepticisme

Le scepticisme est la chasteté de l’intellect, et il est indigne de s’en défaire trop tôt ou devant le premier venu : il y a de la noblesse à le conserver avec froideur et fierté pendant une longue jeunesse jusqu’au moment où, enfin, dans la maturité de l’instinct et dans la discrétion, il pourra être échangé en toute sécurité pour la fidélité et le bonheur.

quotation

Un seul monde réel est bien suffisant.

quotation

N’est-elle pas plus morale, l’union libre de deux amants qui s’aiment, que l’union légitime de deux êtres sans amour ?

quotation

Eschyle aura été oublié bien longtemps avant Archimède, car les langues meurent et les idées mathématiques survivent. L’"immortalité" est peut-être un terme absurde, mais un mathématicien a sans doute une meilleur chance d’y parvenir que quiconque.

mathématique

Le mathématicien, à l’instar du peintre et du poète, fabrique des modèles. Si les siens sont plus permanents que les leurs, c’est parce qu’ils sont faits d’idées […] Comme ceux du peintre et du poète, les modèles du mathématicien doivent être beaux, assembler les idées de façon harmonieuse, comme des couleurs ou des mots.

vulgarité

La vulgarité est un état d’âme.

écriture

Pour savoir écrire il faut savoir lire, et pour savoir lire, il faut savoir vivre.

informatique

L’ordinateur est le plus extraordinaire amplificateur d’erreurs jamais construit.

mathématique

« Mais les mathématiques c’est formel ? Non. Les mathématiques c’est social, c’est socialement formel. »

mathématique

Le seul moyen de s’assurer le bonheur dans une carrière basée sur les mathématiques pures ou appliquées, est de cultiver assidûment l’appréciation esthétique des mathématiques. Le plaisir alors ne saurait s’y évanouir, il ne cessera de croître avec la pratique.

mathématique

Mais le chemin du vrai plaisir esthétique passe par le labeur ; il se gagne, pour chacun, à la sueur de son front : per ardua ad astra.

amour

La racine de la vie est la femme qu’on aime.

programmation

Thus, programs must be written for people to read, and only incidentally for machines to execute.
Ainsi, les programmes doivent être écrits pour que les gens les lisent, et seulement accessoirement pour que les machines les exécutent.

présence

Il n’y a rien de nécessaire sauf être là, à chaque instant, de plus en plus.

action

Ne cherchez pas la faute, mais le remède.

mesuré

La modération n’est une vertu que chez celui qui pourrait choisir une autre solution.

phobie

Même les paranoïaques ont des ennemis.

solution

Explanations exist; they have existed for all time; there is always a well-known solution to every human problem — neat, plausible, and wrong.
Des explications existent ; elles ont existées de tous temps ; il y a toujours une solution bien connue à chaque problème humain — élégante, plausible, et fausse.

loi

Les lois sont comme les proverbes : on en trouve toujours une qui justifie la violation de l’autre.

quotation

AVANT-PROPOS
  Adieu au roman, à l’équilibre, à la santé. Bonjour, les anges !

quotation

Avec ta façon de défendre les gens, surtout quand tu n’as aucun droit de le faire, tu me fais jouer le mauvais rôle.
  […]
  — Tu vois cette femme, là-bas, avec les cheveux blancs ? S’il y a une chose que je déteste au monde, c’est bien les garces dans son genre, tout sucre et tout miel. Ça ne voit que le bien partout. Si on se conduit mal avec elle, si on l’insulte, elle vous trouvera des excuses… Elle vous expliquera que vous ne pensez pas vraiment ce que vous dites. Elle dégouline de bons sentiments, cette vieille rombière, elle vous en inonde. Je déteste ces gens-là. Et je te déteste, quand tu prend la défense de gens dont tu ne sais rien.

ange

Ce n’est pas tant la pureté de l’ange que le fait qu’il a des ailes.

bureaucratie

C’étaient les habituelles questions idiotes qui, plus que les réponses, appellent le coup de tampon, le cachet officiel, et le paraphe illisible de témoins illégitimes.

quotation

  C’était on ne peut plus clair. Il arrive un moment où le contact de la réalité devient si aigu que l’on n’est plus un simple individu tourmenté par telle ou telle situation, mais une chair vivante que l’on découpe en tranches… Ce qui, un instant auparavant, semblait être une planète habitée, une splendeur palpitante dans un univers de ténèbres, se transforme soudain en une chose morte comme la lune, brûlant d’un feu glacé. En de tels instants, tout nous est dévoilé – la signification des rêves, la sagesse qui précède la naissance, la survivance de la foi, l’absurdité qu’il y a à être un dieu, etc.

quotation

  – Elle n’est pas là, fit une voix agressive. Clac. L’écouteur cliqueta comme un pistolet automatique. Il secoua la fourche. « Allô ! Allô ! » Il avait dans l’oreille le murmure des planètes lointaines, dérivant dans le vide moelleux de l’éther. Ce n’est pas la peine, se dit-il, nous suivons des orbites différents. Le monde n’était qu’un champ d’énergie aveugle, dans lequel microcosme et macrocosme évoluaient selon les caprices d’un monarque fou.
  En arrivant à Hyde Park, il était ivre de bien-être. Il sentait le flux et le reflux du sang clair dans ses veines. Au rythme d’un balancier d’horloge, il le sentait monter, descendre, dilatant son cœur, submergeant sa vision, il en sentait la palpitation dans ses membres. Du sang fluide, rouge, éclatant : euphorique, il rendait les hommes sages, lucides, sains d’esprit ; dilué, il apportait la mollesse, les névroses, le désespoir et le vague à l’âme ; coagulé, il provoquait les scintillements diaprés du solipsisme, la terreur de l’épilepsie et du choléra, les hiérarchies de caste, l’ampleur incommensurable de la folie. En un seul globule rouge se trouvaient réunies assez d’énigmes pour confondre toutes les universités scientifiques. Les hommes naissaient dans le sang, et dans le sang ils mouraient. Le sang était puissant, fécond, magique. Le sang était une extase de souffrance et de beauté, un miracle de destruction créatrice, un atome de l’essence divine, peut-être l’essence divine elle-même. Là où coulait le sang, la vie était forte. Là où un chant s’élevait, le sang coulait, et là où la foi s’élevait, le sang coulait. Le sang coulait dans un coucher de soleil, dans les fleurs des champs, dans le regard des maniaques et des prophètes, dans le feu des pierres précieuses. Partout où étaient la vie et les chants, l’ivresse, la foi et le triomphe, était le sang.

horreur

  Elle rêvait. Elle rêvait qu’elle avait rêvé tout ça. Mais lorsqu’elle s’éveilla, elle était toujours clouée, immobilisée, et il y avait des gens debout autour de son lit, des hommes et des femmes au visage mauvais, aux oreilles murées.

quotation

  Il abandonna tout effort pour suivre le fil de leurs paroles. Son regard s’était fixé sur le long cou blanc de Vanya, un cou d’oie qui vibrait comme une lyre. Doux et lisse, ce cou. Doux comme de la laine de vigogne. Si l’on vous jetait au bas d’un escalier, stupéfait, impuissant, avec le bruissement des chauves-souris à vos oreilles, et un cou comme celui-là auquel se retenir, s’accrocher, contre lequel prier… Si vous vous retrouviez soudain la bouche pleine de rhododendrons, une bouche étirée jusqu’aux oreilles, si vous aviez un orgue dans le ventre et des bras de gorille, des bras faits pour écraser, dans le blasphème et l’extase, si vous aviez toutes les ténèbres, toute la nuit pour vous y rouler, pour sacrer, pour vomir, et, près de vous, un cou qui vibre comme une lyre, un cou si doux, si lisse, un cou brodé d’yeux qui transperceraient le voile de l’avenir et parleraient une langue inconnue, une langue obscène, si…

quotation

  Il baissa les yeux sur son assiette. Il n’existait plus de tragédie, il n’existait plus que des désillusions. Il n’était pas à la hauteur. Il n’était pas romantique, comme le disait toujours Vanya. Un homme qui ne se tuait pas alors qu’il avait toutes les raisons de se tuer, c’était un homme décevant. Un tel homme continuerait à vivre, quand bien même on lui enterrerait les pieds dans la pelouse. Il continuerait à vivre, parce qu’il n’avait pas assez de cervelle pour mourir. Mourir, cela ne demandait pas tant de courage que d’imagination. Il vivait une existence amputée. On lui avait enlevé l’imagination. Et, sans imagination, un homme pouvait vivre éternellement, même si ça n’était plus un homme, même s’il n’avait plus ni bras ni jambes – tant qu’il restait des morceaux que l’on pouvait recoudre ensemble, et jeter dans un fauteuil roulant.

communication

Il n’y avait plus jamais fait allusion mais, comme pour lui montrer de quelle sottise il avait fait preuve, Hildred avait laissé des petits morceaux de l’enveloppe à terre, à côté de la cuvette des cabinets. C’était là leur manière de communiquer, dans les cas graves. Ils pouvaient régler toutes sortes de problèmes ainsi, c’était comme un code secret, mille fois plus efficace qu’un piètre discours d’explication.

quotation

  Il sentit une fatigue accablante l’envahir. Soudain, tout cela semblait d’une stupidité indicible. Ils étaient comme trois boules sur un billard. Avec la première bille, on prenait un angle, et si le mouvement du poignet s’accordait aux lois de la mécanique, de la balistique, de la trigonométrie et du reste, la bille rouge venait frapper la bille blanche, et toutes trois s’entrechoquaient avec un claquement sec. Et si elles s’entrechoquaient, cela vous donnait le droit de tirer de nouveau. Et si l’on parvenait à garder les trois billes réunies, si on les promenait, comme on dit, on avait droit à tant de coups en plus. Il choisit un coup long, ferma les yeux. Raté. C’était au tour de quelqu’un d’autre. Il demeura un moment à regarder la partie en silence, partagé entre leur discours absurde, mensonger, et la crainte qui s’agitait en lui.
  Tout à coup, une remarque de Hildred l’atteignit par la bande, touchant un point sensible.

quotation

  — Ils ont essayé de nous embrasser – tu te rends compte ? Nous étions dans le taxi, en train de parler de… (Elle se tourna vers Vanya.) De quoi discutions-nous, déjà ?
  — Tu essayais d’expliquer ce qu’est le sadisme, répondit Vanya avec un pâle sourire.
  — Oui, c’est cela – le sadisme… Je m’évertuais à faire entrer quelque chose dans leur esprit obtus, quand, tout à coup, je sens un bras qui se glisse autour de mon cou. C’était ce vieux dégoûtant, le capitaine. Il me dit que je dois lui donner un baiser, juste un petit baiser.

quotation

Je crus, en la rencontrant, saisir la vie à pleines mains… Au lieu de quoi, la vie m’échappa complètement. Je tendais les bras vers quelque chose à quoi me raccrocher – et ne trouvais rien. Mais dans cette tentative, dans cet effort pour saisir quelque chose, perdu comme je l’étais, je trouvai néanmoins une chose que je n’avais pas cherchée : moi-même.

quotation

La pièce tournait autour de lui ; il lui fallait regarder sa bouche pour comprendre ce qu’elle disait.

argent

La seule attitude à avoir envers l’argent est le dédain vorace.

quotation

  La sonnette retentit. Je ne bouge pas, se dit-il, je ne suis pas là. Un grattement se fit entendre à la fenêtre, puis des petits coups précipités. Il se leva, alla écarter le rideau. C’était son ami Dredge, un large sourire aux lèvres. Il traversa le vestibule en contrebas, et ouvrit la lourde porte. Dredge souriait toujours.
  — Qu’est-ce que tu fabriques, tout seul, dans le noir ?
  — Je réfléchissais, c’est tout.
  — Tu réfléchissais ?
  — Ouais, ça ne t’arrives pas, quelquefois ?
  — Et tu as besoin de rester dans le noir, pour réfléchir ?
  Il alluma une bougie, pendant que Dredge s’installait sur le siège le plus engageant, avec son éternel sourire réservé et courtois. C’étais son vingt-huitième anniversaire, et il avait bu un verre ou deux dans sa chambre avant de passer.
  — Tu sais, déclara-t-il, ça rend les gens fous, de rester assis dans le noir, comme ça. Je vais te dire ce qu’on va faire. Tu vas m’accompagner à ma piaule, et on va boire un petit coup. Après, on sortira, et on fera la fête.

vérité

Le fait même qu’il existât des explications demandait à être expliqué.

mort

Les morts ne savent rien, et toute récompense leur sera refusée ; car leur mémoire est oubliée.

quotation

Les superbes femmes de New York… Où étaient-elles ? Sur les visages, il ne voyait s’étaler que la monotonie d’une rangée de tombes, surchargées de couronnes au parfum éventé ; elles allaient et venaient comme des poupées de son propulsées par une lampée de gin, des vierges de cire sans virginité, des maniaques des soldes démangées par le prurit de la possession, leur visage froid, calculateur, affichant en permanence la mention « À louer ».

personnalité

  L’idée qu’elle pût avoir une personnalité multiple éveillait sa curiosité. Telle une actrice, elle était lasse de jouer toujours le même rôle, celui que le destin avait choisi pour elle. Elle ressemblait à tous ceux qui croient pouvoir, en changeant de nom ou d’adresse, modifier le cours imbécile de leur vie.

vie

Non pas vivre – si l’on peut appeler ainsi ce que font les autres –, mais m’exprimer.

sagesse

Notre corps physique possède une sagesse qui fait défaut à celui qui l’habite.

quotation

  Poser, c’est souvent comme assister à un concert. On s’endort confortablement installé dans une chambre à New York, pour se réveiller dans une fumerie d’opium de San Francisco ou de Shanghai. En chemin, on tue, on viole, on renverse des gratte-ciel, on fait du patin à glace sous les Tropiques, on donne des cacahuètes à des yacks, on joue les funambules au-dessus du pont de Brooklyn. Le peintre n’est pas à l’abri, lui non plus. Ses sourcils broussailleux se transforment en fougères, sa pupille devient un lac sur lequel flottent des temples et des cygnes, tandis que ses labyrinthes auriculaires rêvent de mythologie.

quotation

Sa robe tombait bas sur sa gorge, et montait haut sur ses jambes ; elle ne cessait de la retrousser, comme si elle craignait de trébucher. Lentement, avec mille précautions, elle descendit l’escalier, raide comme un piano de concert. Elle gardait un sourire figé sur les lèvres, qui évoquait le sourire des paralytiques.

conflit

Ses pensées jaillissaient, bondissant en avant, formant de larges tourbillons qui s’élevaient en une écume éblouissante avant de retomber, entraînés dans une chute mousseuse. Tout ce que l’on pouvait espérer de cette lutte incessante, c’était la victoire de l’érosion. C’est ainsi que, confusément, le conflit se dessinait dans son esprit. Ses paroles étaient infiniment plus claires. C’était comme la différence qui existe, en musique, entre le son et l’écriture. Ce que sa langue exprimait n’était guère que la mélodie ténue qui maintenait cohérent cet extraordinaire tissu de pensées et de sentiments…

conflit

  Une bataille s’était engagé. Ils se battaient, tous trois, ensemble, l’un contre l’autre, chacun contre soi-même, ils se battaient désespérément pour ne pas se battre.

écriture

Un enfant n’a pas besoin d’écrire, il est innocent.

mathématique

Les mathématiques sont la science de l’infini.

science

Un jour nous donnerons la formule du vice et de la vertu comme nous donnons celle du vitriol.

mathématique

  e = -1
On dirait que cette formule remarquable d’Euler symbolise l’unité des mathématiques : -1 y représente l’arithmétique, i l’algèbre, π la géométrie et e l’analyse.

idée

La qualité d’une pensée réside souvent dans la saveur des contradictions qui y cohabitent.

bêtise

C’est ignorer le goût du peuple que de ne pas hasarder quelquefois de grandes fadaises.

silence

C’est une grande misère que de ne pas avoir assez d’esprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire.

insulte

La moquerie est, de toutes les injures, celle qui pardonne le moins.

amitié

L’amour et l’amitié s’excluent l’un l’autre.

ennui

L’ennui est entré dans le monde par paresse.

ambition

L’esclave n’a qu’un maître : l’ambitieux en a autant qu’il y a de gens utiles à sa fortune.

maïeutique

L’esprit de la conversation consiste bien moins à en montrer beaucoup qu’à en faire trouver aux autres. Celui qui sort de votre entretien content de soi et de son esprit l’est de vous parfaitement.

peuple

Quand le peuple est en mouvement, on ne comprend pas par où le calme peut y entrer ; et quand il est paisible, on ne voit pas par où le calme peut en sortir.

bonheur

Rions avant que d’être heureux, de peur de mourir sans avoir jamais ri.

quotation

I can’t change the direction of the wind, but I can adjust my sails to always reach my destination.
Je ne peux pas changer la direction du vent, mais je peux ajuster mes voiles pour toujours atteindre ma destination.

réussite

Si tu es né dans la cabane du pauvre, sois cependant un sage, alors tu seras comme la fleur de lotus qui croît hors du bourbier.

bonheur

Le bonheur, parfois, se faufile par une porte que vous aviez laissée ouverte sans le vouloir.

travail

(pour ceux d’entre vous qui ne seraient pas procrastinateur, précisons que les délais commencent à être pressants une semaine ou deux après leur échéance)

différence

Abstraction faite de leurs différences, c’est le même.

adulte

adulte : Môme à qui l’on vend les moyens de ses caprices.

paranoïa

Après coup un paranoïaque était un devin.

possible

A priori tout est possible ; a posteriori presque rien ne l’était.

compréhension

Au grand malheur des fleurs les vases communicants communiquent rarement.

vérité

Dans l’ensemble des expressions
Toute la vérité des songes
Côtoie l’imagination
Cœur des infinis mensonges.

souffrance

Descendre dans le noir élargit sa palette.

réalité

Dieu ne dit jamais rien ; le Réel lui Il exprime, à sa façon, en permanence, et le contredire est totalement vain.

conscience

Dois-je refermer la porte derrière moi ?

conversation

En l’absence d’action, l’air est le support du temps.

quotation

Il est de bon ton d’être fier des exploits de son pays mais de ne pas se sentir responsable de ses erreurs.

mort

Il est impératif de tuer Peter Pan, sinon c’est un suicide.

quotation

Il faut être beau pour ne pas souffrir.

nihilisme

Insupportable !
Le nihilisme est insupportable.
Lorsque le sens se déconstruit tu n’es plus rien.
Mais ce qu’il reste c’est la Réalité,
L’unique endroit où exister.

Le seul danger c’est toi-même,
Donc décide-toi !

individu

Je ne pense pas, donc je suis ☺   ☺☺☺

philosophie

Je pense, donc il y a.

philosophie

Je pense, donc je suis. Donc il y a. Point de vue de départ.

philosophie

Je pense que je ne suis pas, donc je suis.

religion

Jésus est le fils du Père Noël.

mort

La mort ne sera jamais des souvenirs.

paranoïa

La paranoïa c’est chercher à donner du sens.

surnaturel

La question du surnaturel ne se pose qu’après l’acceptation d’un réel commun. Comme une critique de ce consensus.

quotation

La seule formule universelle c’est l’Univers.

spontanéité

La spontanéité ça se travaille.

imitation

La vivante succédanée mémoire
D’où émerge les réflexions
Intelligentes du passé miroir
Enfante l’imagination

quotation

L’emploi surréaliste du terme kafkaïen n’a d’équivalent que l’usage kafkaïen du mot surréaliste. Une tentative expérimentale d’approcher le baroque.

mystère

Le mystico-romantisme est un théâtre cachant la forêt.

personnalité

Le papillon parle-t-il de la chenille à la troisième personne ?

réalité

Les choses ne veulent rien dire ; elles ne veulent rien, et c’est nous qui disons.

sens

Le sens, c’est la circulation dans nos esprits qui relie des trucs présupposés sensés.

quotation

Les gens sont des vampires ; si je ne garde pas mon sang-froid je suis mort.

idée

Les idées n’ont pas à être respectées ; elles ont à être confrontées au Réel, sans ménagement.

quotation

Les mirages sont les idées du désert.

infini

Les nuages donnent une claire perception de l’infini en jalonnant l’immensité bleue ciel.

espoir

L’espoir est une pute vérolée.

surnaturel

Le surnaturel naît dans la tête des gens trop faibles d’imagination pour se faire une idée suffisamment complète du Réel.

bonheur

L’idée du bonheur est merveilleuse, son accomplissement une petite mort.

passé

L’instant n’est présent que pour créer des souvenirs
En ce sens, le passé est mémoire
Le futur est espoir
Cruel avenir.

liberté

L’on emprisonne deux milles colombes et les relâche lors d’une quelconque autocélébration, c’est un signe fort de liberté.

mort

Lorsque je serai mort, le Monde aura cessé de tourner, ne sera plus.

réflexion

Lorsque tu réfléchis, pense à autre chose.

miracle

miracle : Ce qui ne peut arriver, mais qui arrive tout de même.

expression

Ne pas arrondir les angles lorsqu’il s’agit de montrer qu’ils ne sont pas d’équerre.

personnalité

Ne t’efforce pas d’être toi-même, adopte simplement le masque de la personne que tu veux devenir.

quotation

On n’est pas, on naît.

cinéma

Pauvre Woody qui ne peut goûter aux films d’Allen.

philosophie

penser : Amalgamer et discriminer.

éternité

Que de secondes d’éternité gaspillées en s’accrochant à la vie.

oubli

Réfléchir pour ne pas penser. Combattre le mal par son contremaître. Ordonner, diriger son esprit ; le fatiguer sur l’inoffensif pour éviter les attaques en formations désordonnées des bourdons kamikazes, des cafards comateux.

croyance

Renverser les apparences au lieu de s’en méfier, car elles existent pour camoufler leurs contraires.

vie

Rien n’a de sens, rien n’est certain, rien n’est immuable. Et son contraire. Ce qui en fin de compte l’illustre parfaitement. Paradoxal ? Évidemment.

raison

Si il y avait réellement des choses invisibles, ça se verrait.

passivité

Son cœur s’accordait enfin à ses battements feutrés, la mort légitimait sa passivité.

création

Soyez fous, ne sombrez pas dans la folie ; inventez la création.

noblesse

Tous les demi-dieux sont des bâtards.

écriture

Tout être qui débute un journal intime laissera une œuvre inachevée.

paranoïa

Transcender la paranoïa par la schizophrénie.

solitude

Une illusion perdue et deux mirages
Trois de cheval la fièvre galope
Sur des sables émouvants frappe l’orage
Chantre de la sirène interlope

mort

Veux bien mourir si cela ne me coûte pas la vie.

question

Vos questions sont dans mes réponses.

quotation

Déjà il rêvait à une thébaïde raffinée, à un désert confortable, à une arche immobile et tiède où il se réfugierait loin de l’incessant déluge de la sottise humaine.

quotation

  La force du sadisme, l’attrait qu’il présente, gît donc tout entier dans la jouissance prohibée de transférer à Satan les hommages et les prières qu’on doit à Dieu ; il gît donc dans l’inobservance des préceptes catholiques qu’on suit même à rebours, en commettant, afin de bafouer plus gravement le Christ, les péchés qu’il a le plus expressément maudits : la pollution du culte et l’orgie charnelle.

bêtise

Le propre de l’imbécile est de croire qu’il ne l’est pas.

quotation

Donner à l’esprit le pas sur le bon sens, c’est préférer le luxe au nécessaire.

prévoyance

  Il y a beaucoup à apprendre d’un orage. Lorsqu’une averse soudaine vous surprend sur la route, vous vous mettez à courir pour éviter d’être mouillé. Mais, bien que vous tentiez de vous protéger sous les auvents des maisons, vous finissez toujours par être trempé jusqu’aux os. Comme, il semble inévitable de se faire mouiller par la pluie, autant garder son calme et continuer son chemin, l’esprit serein. C’est une leçon de vie qui trouve son application en toute chose.
(Traduction de William Scott Wilson et Josette Nickels-Grolier)
  Il existe ce que l’on appelle « l’attitude pendant l’orage ». Quand on est pris sous une averse soudaine, on peut, soit courir le plus vite possible, soit s’élancer pour s’abriter sous les avancées des toits des maisons qui bordent le chemin. De toutes façons, on sera mouillé.
  Si on se préparait auparavant mentalement, à l’idée d’être trempé, on serait en fin de compte fort peut contrarié à l’arrivée de la pluie.
  On peut appliquer ce principe avec profit dans toutes les situations.
(Traduction de M. F. Duvauchelle)

quotation

Âpre ou non
je l’ignore
première cueillette du kaki

écriture

Si ce n’est pas pour embêter quelqu’un, l’écriture n’a pas beaucoup de sens.

quotation

Parmi la fraîcheur
à travers la pluie se coule
l’éclat d’un éclair.

intelligence

L’avantage d’être malin, c’est qu’on peut toujours faire l’idiot. L’inverse est beaucoup plus difficile.

conversation

Le véritable art de la conversation n’est pas de dire ce qu’il faut quand il faut, mais de ne pas dire ce qu’il ne faut pas quand on en a tellement envie.

vie

Si tu peux passer un après-midi parfaitement inutile d’une façon parfaitement inutile, tu sais vivre.

célébrité

Je m’éveillai au matin et me trouvai célèbre.

amitié

L’amitié est l’amour sans ailes.

amour

L’amour d’un homme n’occupe qu’une partie de sa vie d’homme : l’amour d’une femme occupe toute son existence.

quotation

On ne peut parler d’amour et de théâtre qu’à bâtons rompus.

amour-propre

Rien de plus sale que l’amour-propre.

bonheur

Tout bonheur est une innocence.

loi

Toute loi trop souvent transgressée est mauvaise : c’est au législateur à l’abroger ou à la changer, de peur que le mépris où cette folle ordonnance est tombée ne s’étende à d’autres loi plus justes.

personnalité

En vieillissant on ne devient ni meilleur ni pire, mais de plus en plus semblable à soi-même.

jugement

Si je vois un homme que je ne connaisse point et dont je veuille juger, je le mets sur les ouvrages de La Fontaine et lui demande son avis. Cet homme alors se juge lui-même.

conformisme

« [Brian] — Écoutez-moi ! Je vous en supplie. J’ai une ou deux choses à vous dire.
[la foule] — Dis-nous les deux.
[Brian] — Vous vous trompez. Il ne faut pas me suivre. Il ne faut suivre personne. Vous devez être autonomes. Vous êtes des êtres uniques.
[la foule] — Oui, nous sommes des êtres uniques.
[Brian] — Vous êtes tous différents.
[la foule] — Oui, nous sommes différents.
[un type parmi la foule] — Pas moi !
[la foule] — Shuuut. »

quotation

  Ainsi, ce que font effectivement les médias, c’est prendre l’ensemble des postulats qui expriment les idées fondamentales du système de propagande, que ce soit à propos de la Guerre Froide ou du système économique ou de « l’intérêt national », et de présenter alors un espace de débat à l’intérieur de ce cadre : ainsi le débat ne fait qu’augmenter la force des postulats, en les incrustant dans l’esprit des gens comme s’ils constituaient le spectre tout entier des opinions possibles. Alors, vous voyez, dans notre système, ce que vous pourriez appeler « la propagande d’État » n’est pas exprimée comme telle, comme ce serait le cas dans une société totalitaire : mais elle est plutôt implicite, présupposée, elle fournit le cadre des débats qui sont admis dans la discussion dominante.
  En fait, la nature du système occidental d’endoctrinement n’est typiquement pas comprise par les dictateurs : ils ne comprennent pas à quoi sert un « débat critique » qui incorpore les postulats des doctrines officielles et qui, du coup, marginalise et élimine toute discussion critique authentique et rationnelle. Avec ce qu’on a parfois appelé « le lavage de cerveau en liberté », les critiques, ou au moins les « critiques responsables », apportent une contribution majeure à la cause en enfermant le débat dans des limites acceptables : c’est pourquoi ils sont tolérés et, en fait, même honorés.
  […]
Et la raison [de la non mise en cause sérieuse de cette thèse] en est que le « Modèle de propagande » est en fait valide, et qu’il prédit qu’il sera non pertinent – et, en réalité, même incompréhensible dans la culture de l’élite – aussi bien démontré qu’il soit. Et cela, parce que ce qu’il révèle ébranle des institutions idéologiques très efficaces et utiles. De sorte qu’il les dessert. Et sera donc éliminé.

quotation

  Et ces sports de spectacle ont aussi d’autres fonctions utiles.
  […]
  Mais ce qui est important, c’est que ce sentiment de fidélité irrationnelle à une sorte de communauté dépourvue de sens est un entraînement à la subordination, au pouvoir et au chauvinisme. Et bien sûr, vous regardez les gladiateurs. […] Tout cela développe fortement des aspects extrêmement anti-sociaux de la psychologie humaine. Je veux dire que ces aspects existent, ils existent sans aucun doute. Mais ils sont mis en relief, exagérés et révélés par les sports de spectacles : compétition irrationnelle, fidélité irrationnelle à des systèmes de pouvoir, acceptation passive de valeurs tout à fait horribles, vraiment. En fait, il est difficile d’imaginer quelque chose qui contribue plus fondamentalement aux attitudes autoritaires, en plus du fait que cela mobilise vraiment beaucoup d’intelligence et que cela éloigne les gens d’autres sujets.

quotation

  Le contrôle de la population est une autre question où il ne sert à rien que vous agissiez, il faut que tout le monde agisse. C’est comme la circulation : vous ne pouvez pas rendre sûr la conduite d’une voiture en conduisant bien vous-même ; il faut qu’il y ait une sorte de contrat social, sinon cela ne marchera pas. […] cela ne fait guère de différence que vous ayez l’intention de conduire prudemment si tous les autres conduisent comme des bombes, n’est-ce pas ? Ce qui est ennuyeux, c’est que c’est comme ça que fonctionne le capitalisme. La nature du système est qu’il est censé être conduit par la cupidité ; personne n’est censé s’inquiéter des autres, personne n’est censé se tracasser pour le bien commun, ce n’est pas censé vous motiver, c’est le principe du système. La théorie est que la poursuite de desseins privés mène à la satisfaction des besoins publics, c’est ce qu’on vous apprend dans les facultés d’économie. C’est tout à fait n’importe quoi, bien entendu, mais c’est ce qu’on vous enseigne. Et aussi longtemps que le système fonctionnera ainsi, oui, il va s’autodétruire.
  […]
  Il n’y a rien de mauvais dans la forme [de gouvernement] – je veux dire qu’il y a certaines choses mauvaises dans la forme – mais ce qui est vraiment mauvais, c’est le fond. Aussi longtemps que l’on a un contrôle privé sur l’économie, les formes ne font aucune différence, parce qu’elles n’y peuvent rien. On pourrait avoir des partis politiques où tout le monde se rencontre et participe, et où vous établissez les programmes ; agissez de façon participative autant que vous voulez, cela n’aura qu’un effet marginal. La raison en est que le pouvoir est ailleurs.
  […]
  En fait, si vous réfléchissez bien à la logique de tout ceci, vous verrez qu’aussi longtemps que le pouvoir restera concentré dans des mains privées, tout le monde doit s’engager à s’assurer que les gens riches soient contents, parce que sinon, personne d’autre n’obtiendra rien.
  […]
  Le capitalisme est parfait pour le tiers monde : nous sommes ravis que ces pays soient inefficaces. Mais pas pour nous. De plus, et ça s’est vérifié depuis le début de la révolution industrielle, il n’est pas une seule économie dans l’histoire qui se soit développée sans une intense intervention de l’État, tels de hauts tarifs protectionnistes, des subsides, etc. En fait, toutes les choses que nous empêchons le tiers monde de faire ont été les bases de départ du développement partout ailleurs – je pense que c’est sans exception.

éducation

Si nous avions un vrai système d’éducation, on y donnerait des cours d’autodéfense intellectuelle.

inégalité

Une société vouée, par la concentration du pouvoir économique et politique, à une redistribution tellement inégale du bien être et de l’influence, ne peut, pour survivre, que produire en permanence un consensus populaire aux valeurs qui la soutiennent.

quotation

  Un système fédéré, décentralisé de libres associations, incorporant des institutions économiques et sociales, constituerait ce que j’apelle l’anarcho-syndicalisme ; il me semble que c’est la forme appropriée d’organisation sociale pour une société technologique avancée, dans laquelle les êtres humains ne sont pas transformés en instruments, en rouages du mécanisme. Aucune nécessité sociale n’exige plus que les êtres humains soient traités comme des maillons de la chaîne de production ; nous devons vaincre cela par une société de liberté et de libre association, où la pulsion créatrice inhérente à la nature humaine pourra se réaliser pleinement de la façon qu’elle décidera.
  De nouveau, comme M. Foucault, je ne vois pas comment un être humain pourrait ne pas s’intéresser à cette question.
  […]
  Prenons le droit international, instrumenent très faible, nous le savons, mais qui comporte des principes très intéressants. Sous beaucoup d’aspects, c’est l’instrument des puissants : c’est une création des États et de leurs représentants. Les mouvements de masse des paysans n’ont absolument pas participé à son élaboration.
  La structure du droit international reflète ce fait ; elle offre un champ d’intervention beaucoup trop vaste aux structures de pouvoir existantes qui se définissent comme des États contre les intérêts des masses de gens organisées en opposition aux États.
  C’est un défaut fondamental du droit international, et je pense qu’il est dénué de validité au même titre que le droit divin des rois. C’est simplement un instrument des puissants désireux de conserver leur pouvoir. Nous avons donc toutes les raisons de nous y opposer.

pionnier

Ce qui étonne dans les excès des novateurs de la veille, c’est toujours la timidité.

caractère

C’est parfois une épine cachée et insupportable que nous avons dans la chair qui nous rend difficiles et durs avec tout le monde.

bêtise

Combien de gens meurent dans les accidents, pour ne pas lâcher leur parapluie !

livre

Dans les livres comme dans les plats, je n’aime que le maigre.

création

Dieu a fait le monde de rien, mais le rien perce.

quotation

Il y a des moi plus moi que d’autres.

diversification

J’ai beau faire. Tout m’intéresse.

quotation

Je ne suis pas toujours de mon avis.

quotation

Je sais bien que je suis une ébauche.

abstraction

La clarté dans les choses non pratiques résulte toujours d’une illusion.

violence

La faiblesse de la force est de ne croire qu’à la force.

ambition

L’ambition extérieure a pour condition une sorte de désespoir ou d’abandon de l’ambition intérieure.

rêve

La meilleure façon de réaliser ses rêves, c’est de se réveiller.

mémoire

La mémoire est l’avenir du passé.

mort

La mort nous parle d’une voix profonde, mais c’est pour ne rien dire.

amour

L’amour existe d’autant plus que son objet imaginé existe moins. Et par conséquence, l’absence de l’objet réel l’augmente.

violence

La plupart des crimes sont des actes de somnambulisme, la morale consisterait à réveiller à temps le dormeur.

théologie

La théologie joue avec la « vérité » comme un chat avec une souris.

quotation

L’avenir n’est plus ce qu’il était.

vie

La vie est à peine un peu plus vieille que la mort.

déterminisme

Le déterminisme est la seule manière de se représenter le monde. Et l’indéterminisme, la seule manière d’y exister.

poésie

Le poème – cette hésitation prolongée entre le son et le sens.

mort

Les animaux qui ne font rien d’inutile ne méditent pas sur la mort.

quotation

Les événements sont l’écume des choses.

caractère

Les hommes se distinguent par ce qu’ils montrent et se ressemblent par ce qu’ils cachent.

savoir

Les mots font partie de nous plus que les nerfs. Nous ne connaissons notre cerveau que par ouï-dire.

espoir

L’espoir est un scepticisme. C’est douter du malheur instant.

génie

Le talent sans génie est peu de chose. Le génie sans talent n’est rien.

causalité

L’homme sait assez souvent ce qu’il fait, il ne sait jamais ce que fait ce qu’il fait.

utopie

L’idéal est une manière de bouder.

quotation

L’invention des anesthésiques est anti-métaphysique.

livre

On n’achève pas un livre, on l’abandonne.

action

Que de choses il faut ignorer pour "agir" !

vie

Que fais-tu tout le jour ? Je m’invente.

preuve

Rappelez-vous tout simplement qu’entre les hommes il n’existe que deux relations : la logique ou la guerre. Demandez toujours des preuves, la preuve est la politesse élémentaire qu’on se doit. Si l’on refuse, souvenez-vous que vous êtes attaqué et qu’on va vous faire obéir par tous les moyens. Vous serez pris par la douceur ou par le charme de n’importe quoi, vous serez passionné par la passion d’un autre ; on vous fera penser ce que vous n’avez pas médité et pesé ; vous serez attendri, ravi, ébloui ; vous tirerez des conséquences de prémisses qu’on vous aura fabriquées, et vous inventerez, avec quelque génie, – tout ce que vous savez par cœur.
  — Le plus difficile est de voir ce qui est, – soupirai-je.
  — Oui, – dit M. Teste, – c’est-à-dire de ne pas confondre les mots. Il faut sentir qu’on les arrange comme on veut, et à chaque combinaison qu’on en peut former ne correspond pas forcément quelque autre chose.

beauté

Rien de beau ne peut se résumer.

politique

Si l’État est fort, il nous écrase. S’il est faible, nous périssons.

quotation

Toute chose qui est, si elle n’était, serait énormément improbable.

quotation

Tout est prédit par le dictionnaire.

politique

Une nation est dans l’anarchie lorsque le peuple tient le gouvernement pour ce qu’il est.

art

Une œuvre d’art devrait toujours nous apprendre que nous n’avions pas vu ce que nous voyons.

solitude

Un homme seul est toujours en mauvaise compagnie.

poésie

Les poètes sont les législateurs ignorés de notre monde, les hiérophantes d’une inspiration inconnue ; miroirs pour les ombres gigantesques que l’avenir jette sur le présent.

amour

Aimer, c’est permettre d’abuser.

liberté

Ce n’est pas tellement de liberté qu’on a besoin, mais de n’être enchaîné que par ce qu’on aime.

quotation

L’avenir est un paradis d’où, exactement comme de l’autre, personne n’est encore jamais revenu.

quotation

We don’t need no education
We don’t need no thought control

doute

Dans le doute, abstiens-toi.

mathématique

Toute chose est nombre.

espoir

Les rêves, vous savez, on s’en réveille.

caractère

Je crois qu’on a toujours tort d’essayer d’avoir raison devant des gens qui ont toutes les bonnes raisons de croire qu’ils n’ont pas tort !

quotation

Je me suis remis à la clarinette. C’est ce qui se rapproche le plus de l’anglais.

snobisme

Le snob : il marche comme s’il portait son arbre généalogique en équilibre sur le nez.

quotation

— Alors tu t’es bien amusée ?
— Comme ça.
— T’as vu le métro ?
— Non.
— Alors, qu’est-ce que t’as fait ?
— J’ai vieilli.

quotation

  — Et toi, dit Gabriel jovialement, tu ne serais pas par hasard le sacré con ?
  — Les petits farceurs de votre âge, dit Zazie, ils me font de la peine.

argent

Il faut bien vivre, n’est-ce pas ? Et de quoi vit-on ? je vous le demande. De l’air du temps bien sûr – du moins en partie, dirai-je, et l’on en meurt aussi – mais plus capitalement de cette substantifique moelle qu’est le fric. Ce produit mellifluent, sapide et polygène s’évapore avec la plus grande facilité cependant qu’il ne s’acquiert qu’à la sueur de son front du moins chez les esploités de ce monde dont je suis et dont le premier se prénomme Adam que les Élohim tyrannisèrent comme chacun sait.

imitation

Tant l’esprit d’imitation peut faire faire de choses aux moins douées.

quotation

  — Vzêtes marant vous, dit Zazie. Vous savez jamais trop ce que vous pensez. Ça doit être épuisant. C’est pour ça que vous prenez si souvent l’air sérieux ?

superstition

La superstition porte malchance.

quotation

L’altruiste est un égoïste raisonnable.

quotation

Prêter aux bêtes des lueurs d’humanité, c’est les dégrader.

savoir

Savoir ce que tout le monde sait, c’est ne rien savoir. Le savoir commence là où commence ce que le monde ignore.

question

I would rather have questions that can’t be answered than answers which can’t be questioned.
Je préfère des questions qui n’ont pas de réponse plutôt que les réponses qu’on ne peut pas remettre en question.

mathématique

There aren’t enough small numbers to meet the many demands made of them.
Il n’y a pas assez de petits nombres pour répondre aux nombreuses demandes qui leur sont faites.

travail

Anyone can do any amount of work, provided it isn’t the work he is supposed to be doing at that moment.
N’importe qui peut accomplir n’importe quelle tâche, aussi lourde soit-elle, pourvu que ce ne soit pas celle qu’il soit censé accomplir à ce moment-là.

psychanalyse

La seule chose à laquelle les psychologues freudiens n’arrivent pas à trouver de signification sexuelle est le tir aux pigeons, et encore ; ils sont en train d’étudier la question.

quotation

Aimer passionnément une femme et sans en être aimé, voilà qui prouve que le destin est un pitre qui ne mérite pas autre chose qu’une tarte à la crème. Dans ses moments d’authenticité – il avait de ces défaillances – il arrivait même à Willie de penser que ce sera finalement dans une tarte à la crème que l’on retrouvera un jour, intacte, indélébile, l’empreinte de la figure humaine.

femme

À la sortie, une jeune femme brune, dont le teint semblait avoir avec le soleil des rapports de naissance plutôt que de rencontre, se détacha de la foule et vint vers moi, le programme à la main.

pseudonyme

Alors que je m’y étais fourré tel qu’on m’a inventé et que tous les critiques m’avaient donc reconnu dans le personnage de « tonton macoute », il n’est venu à l’idée d’aucun qu’au lieu de Paul Pavlowitch inventant Romain Gary, c’était Romain Gary qui inventait Paul Pavlowitch.

humour

  — Ann, la dérision n’est parfois qu’une épreuve à laquelle un croyant soumet sa foi, afin qu’elle en sorte plus forte, plus sûre d’elle-même et plus sereine…

bonheur

Au détriment du bonheur, qui est pour une grande part paix de l’esprit et qui fait toujours l’autruche.

femme

Car il arrive un moment dans la vie où toutes les femmes que l’on a rencontrées finissent par composer une image très claire de celle qui vous manque.

bonheur

[…] car la solitude n’est pas de vivre seul, mais d’aimer seul : ne jamais rencontrer celle qui ne vous aimera jamais, voilà peut-être la définition la plus juste du bonheur humain.

amour

Ce n’est pas que mon corps automnal refusât de servir, mais il me parlait de plus en plus de moi-même et de moins en moins de Laura.

Dieu

Ces rapports « chien sans maître » avec Dieu ou avec l’absence de Dieu, que Dieu soit ressenti comme une présence ou comme un manque, sont toujours des rapports avec un collier et une laisse qui me sont totalement étrangers.

quotation

  — C’est justement pourquoi tu vois tant de gens haineux. Tu vois plein de gens qui haïssent tous ceux qu’ils n’ont pas rencontrés, c’est même ce qu’on appelle l’amitié entre les peuples.
  — Et à soixante ans, quand je serai vieille ?
  — Tu veux dire le ventre, les seins, les fesses, tout ça ?
  — Ben oui. Ça fait peur, non ?
  — Non.
  — Comment, non ? Quand je serai une vieille peau ?
  — Ça n’existe pas, une vieille peau, c’est des histoires sans amour.
  Les nuits étaient des îles. Mes lèvres erraient sur les plages chaudes. Je luttais contre le sommeil, qui est toujours un peu voleur.

ONU

C’est trop con et c’est l’équivalent du bon vieux « mondialisme », genre O.N.U., un film de bourrage de crâne en Mondovision qui ne fera pas recette.

pouvoir

C’était une puissance banale, sortie de l’argent et qui y retournait.

quotation

Ce verbalisme « libérateur », c’est des compensations de l’angoisse, de la peur bleue de ne pas bander, de la frigidité, des camouflages de l’anxiété et du désespoir.

quotation

Chance, destin, ironie du sort : peu importe le nom que l’on donne à cette petite monnaie que nous ont laissée les dieux grecs et à ces entreprises de démolition dont chacun sait que nous n’en sommes point l’objet, puisqu’il ne saurait y avoir préméditation et dessein là où il n’y a rien et où tout nous ignore.

amour

[…] chaque seconde semblait mêler l’éternel à l’éphémère et Ann sourit à ce regard un peu triste, si attentif, qui l’apprenait par cœur.
  — Chaque fois que tu me regardes, on dirait que tu fais des provisions. Habillons-nous. Sortons. Il fait si beau dehors.
  — Partout.
  — Quoi ?
  — Il fait beau partout. Dehors. Dedans. Partout.

rébellion

D’ailleurs, on ne se rebelle que contre ce qui vous tient prisonnier et, après tout, une vie de rébellion est avant tout une vie de servitude.

bonheur

D’ailleurs, tout le monde sait que le bonheur, c’est de la propagande communiste.

quotation

Dans la clarté qui le baignait, le visage d’Ann paraissait prêter sa lumière au jour plutôt que l’en recevoir et bouleversait Willie d’une manière indigne de son cynisme notoire et de sa réputation soigneusement entretenue de salaud intégral.

quotation

Derrière lui, sur l’étagère, il y avait un de ces affreux petits bouddhas bleus et obèses dont l’expression de sagesse est une invitation à finir dans la graisse.

machisme

Dès qu’un homme se met à me parler « femmes », au pluriel, sur un ton de complicité masculine entre connaisseurs de viande sur pied, je ressens à son égard une montée de haine presque raciste. Et j’ai toujours eu horreur de ces racolages confidentiels qui impliquent la fréquentation des mêmes bas-fonds psychologiques.

quotation

  — Dis-moi, Ann… tu t’imagines ça, toi ? Tu peux t’imaginer une femme me quittant pour un toréador ? Je ne dis pas ça par vanité, bien au contraire… Mais comment pouvait-elle se tromper à ce point ? Je veux dire : comment avait-elle pu m’épouser ?

fleur

Elle m’ouvrit la porte, vêtue de transparence, tenant encore dans ses bras un de ces bouquets de fleurs qui partent toujours à la recherche d’un cœur et ne trouvent qu’un vase.

femme

  Elle paraissait si menue : ses cheveux sombres semblaient la contenir toute. Les yeux, le nez, les lèvres, le menton, l’oreille y dormaient bien au chaud.
  On avait envie de les prendre l’un après l’autre et de les porter à son visage, les effleurer de sa joue et de les remettre ensuite dans leur nid sans réveiller leur mère.
  Et à l’aube, il se réveilla encore et lui sourit et baissa la tête dans ce geste immémorial qui pousse toujours l’homme à appuyer son front sur ce qu’il adore.

quotation

  Elle souriait encore, en arrivant, et Willie reçut ce sourire qui ne lui était pas destiné.

bonheur

Et comme toutes les natures heureuses, tu étais peu exigeante et ne savais même pas que tu l’étais si peu.

amour

Évidemment, je t’en veux ; si je ne t’aimais pas, je serais tellement heureux avec toi !

humour

Il croit qu’il existe un art de perdre et qui s’appelle l’humour.

quotation

Il est commun, ayant loupé en fin de course, de se dire qu’on vous a brisé les jambes au départ.

mensonge

Il n’y a d’ailleurs rien de tel que la vérité pour aider à mentir.

femme

Il y a chez Laura un côté « île heureuse » qui doit sans doute beaucoup à son Brésil natal mais encore plus à ses rapports confiants avec la vie. Laura ouvre chaque matin la fenêtre au jour qui se lève comme si ce vieux traînard l’attendait depuis l’aube les bras chargés de dons. Les yeux sont d’une gaieté brune et chaude sous des sourcils presque droits dont elle préserve l’épaisseur…

quotation

  — Il y a six mois. Mais ça ne cesse jamais… Je me demande si je ne prolonge pas… délibérément, pour faire du souvenir une raison de vivre. Sans ça… je ne saurais pas ce que je fais là.

bonheur

  — Jacques, qu’est-ce qu’on fait quand on est complètement heureux ? On se fait sauter la cervelle, ou quoi ? J’ai l’impression d’être une voleuse. Le monde n’est pas fait pour ça.
  — En général, ça se tasse. Il paraît qu’il ne faut pas avoir peur du bonheur. C’est seulement un bon moment à passer.

suicide

J’ai fait un effort désespéré, total, mais personne n’a jamais réussi à crever par un acte de volonté.

art

J’écris ces lignes à un moment où le monde, tel qu’il tourne en ce dernier quart de siècle, pose à un écrivain, avec de plus en plus d’évidence, une question mortelle pour toutes les formes d’expression artistique : celle de la futilité.

quotation

  — Je devrais me méfier de toi, dit-elle. Les gens qui parlent bien sont comme des danseurs professionnels. Ils dansent la valse à la perfection avec n’importe qui.

amitié

Je l’aimais bien. Enfin, comme on peut aimer quelqu’un qui vous ressemble.

humour

Je me réfugiai dans mon prêt-à-porter habituel : l’ironie…

quotation

« Je me suis promenée toute la matinée avec toi au bord de la Seine pendant que tu étais au bureau et j’ai acheté chez un bouquiniste les poèmes du poète brésilien Arthur Rimbaud, tu sais, celui qui fut le premier à découvrir les sources de l’Amazone et qui est né français à la suite d’une erreur tragique qu’il vaut mieux passer sous silence. Tu ne sauras jamais ce que ta présence signifie pour moi quand tu n’es pas là car le ciel parisien et la Seine sont à cet égard d’une indifférence qui m’irrite par leur air d’avoir déjà vu tout ça un million de fois et n’être plus capables que d’une carte postale. »

quotation

Je n’avais pas la moindre chance de m’en tirer seul et la raison était bien simple : j’avais trop aimé pour être encore capable de vivre de moi-même. C’était une impossibilité absolue, organique : tout ce qui faisait de moi un homme était chez une femme. Je savais que l’on disait parfois de nous, presque sur un ton de blâme : « Ils vivent exclusivement l’un pour l’autre. » J’étais attristé par l’aigreur de ces accents, leur manque de générosité et leur froide indifférence à la communauté humaine. Chaque amour heureux porte nos couleurs : il devrait avoir des millions de supporters. Notre fraternité est enrichie par tout ce qui nous éclaire. La joie d’un enfant ou la tendresse d’un couple brillent pour tous, elles sont toujours une place au soleil. Et un désespoir d’amour qui désespère de l’amour est une bien étrange contradiction.

quotation

  J’entrai et la pris dans mes bras. Je sentis ses ongles sur ma nuque. Elle sanglotait. Je savais qu’il ne s’agissait ni de moi ni d’elle. Il s’agissait de dénuement. C’était seulement un moment d’entraide. Nous avions besoin d’oubli, tous les deux, de gîte d’étape, avant d’aller porter plus loin nos bagages de néant. Il fallut encore traverser le désert où chaque vêtement qui tombe, rompt, éloigne et brutalise, où les regards se fuient pour éviter une nudité qui n’est pas seulement celle du corps, et où le silence accumule ses pierres. Deux êtres en déroute qui s’épaulent de leur solitude et la vie attend que ça passe. Une tendresse désespérée, qui n’est qu’un besoin de tendresse. Parfois nos yeux se cherchaient dans la pénombre pour braver le malaise. Une photo de fillette sur la table de chevet. Une photo de fillette qui riait sur la cheminée. Un portrait maladroit, sans doute peint de mémoire. Ce que nous avions de commun était chez les autres mais nous unissait le temps d’une révolte, d’une brève lutte, d’un refus du malheur. Ce n’était pas entre nous deux : c’était entre nous et le malheur. Un refus de s’aplatir sous les roues, d’ainsi soit-il. Je sentais ses larmes sur mes joues. J’ai toujours été incapable de pleurer et c’était un soulagement qu’elle m’offrait. Dès qu’il y eut, chez elle, regret ou remords, chute, gêne et culpabilité, elle se leva, mit un peignoir, alla se recroqueviller dans un fauteuil, les genoux sous le menton. Je ne m’étais encore jamais vu un tel intrus, dans un regard de femme.

quotation

  Je tiens cependant à mettre en garde le lecteur peu familiarisé avec mon genre de drôlerie : je demeure entièrement fidèle aux aspirations que je moque et agresse dans mes livres afin de mieux en éprouver la constance et la solidité. Depuis que j’écris, l’ironie et l’humour ont toujours été pour moi une mise à l’essai de l’authenticité des valeurs, une épreuve par le feu à laquelle un croyant soumet sa foi essentielle, afin qu’elle en sorte plus souriante, plus sûre d’elle-même, plus souveraine.
(Note de l’auteur)

maîtrise

Kleindienst était un homme de cette distinction et de cette rectitude méticuleuse à l’allemande dont on ne sait jamais vraiment si elles traduisent une solidité psychique à toute épreuve ou si elles servent surtout à dissimuler un chaos intérieur.

culture

La culture n’a absolument aucun sens si elle n’est pas un engagement absolu à changer la vie des hommes.

dignité

La dignité n’est pas quelque chose qui interdit l’irrespect : elle a au contraire besoin de cet acide pour révéler son authenticité.

lucidité

La lucidité est une des grandes sources méconnues du rire.

travail

L’asservissement de l’homme au gagne-pain, c’est une monstruosité : la réduction de l’homme à l’état d’un jeton de présence. On l’introduit dans la machine sociale, qui la restitue à l’autre bout à l’état de retraité ou de cadavre.

politique

La vérité politique est faite de rencontres avec la vérité historique, c’est un ligne qui court en zigzags et en oscillations à travers tous les partis, et je me force de suivre cette ligne et les partis qu’elle traverse momentanément.

bonheur

Le bonheur est un travail d’équipe.

passé

Le plus grand progrès que l’humanité ait connu eut lieu lorsque le Moyen Âge a découvert le passé : il a découvert l’Antiquité, la Grèce, et c’est ainsi qu’il s’est ouvert sur l’avenir… S’imaginer qu’en cinq mille ans d’œuvres aucune racine permanente n’a été plantée, c’est d’une rare imbécillité…

quotation

Le présent, de toute façon, c’est des provisions de bouche.

réalisme

Le réalisme, pour l’auteur de la fiction, cela consiste à ne pas se faire prendre.

personnalité

Les gens font toujours du casting, ils vous distribuent des rôles suivant leur propre imagination, sans aucun rapport avec ce que vous êtes.

vie

Les hommes meurent parfois beaucoup plus tôt qu’on ne les enterre.

amour

les poèmes d’amour étaient là bien avant l’œuvre des poètes.

quotation

Le subconscient, je ne souhaite pas ça à mes meilleurs amis.

humanité

  L’homme — mais bien sûr, mais comment donc, nous sommes parfaitement d’accord : un jour il se fera ! Un peu de patience, un peu de persévérance : on n’en est plus à dix mille ans près. Il faut savoir attendre, mes bons amis, et surtout voir grand, apprendre à compter en âges géologiques, avoir de l’imagination : alors là, l’homme ça devient tout à fait possible, probable même : il suffira d’être encore là quand il se présentera. Pour l’instant, il n’y a que des traces, des rêves, des pressentiments… Pour l’instant, l’homme n’est qu’un pionnier de lui-même. Gloire à nos illustres pionniers !
Sacha Tsipotchkine,dans Promenades sentimentales au clair de lune

humour

L’humour et la bouffonnerie n’ont jamais eu d’autre raison d’être que cette volonté d’amortir les chocs mais, poussés au-delà du minimum vital nécessaire, ils finissent par devenir une véritable danse sacrée d’écorché vif, et c’est ainsi que La Marne s’était peu à peu transformé en un véritable derviche tourneur.

impossible

L’inaccessible, on le fabrique souvent soi-même.

héroïsme

L’incitation à l’héroïsme, c’est pour les impuissants.

mal

Lorsque Laura pleurait, il y avait crime contre l’humanité. Il y avait exode des populations civiles mitraillées sur les routes. Il y avait nazisme, et Hitler c’était moi.

création

Maintenant je sais comment sont nés tous les grands mythes populaires. Ils sont nés de l’absence de vie et de la misère. Leurs auteurs n’avaient aucun pouvoir, alors, ils remuaient ciel et terre. Ils se réfugiaient dans l’imagination, parce qu’ils n’avaient rien d’autre…

illusion

Mais arrachez l’illusion de l’âme humaine : la civilisation y perdra ses plus beaux chants et, d’une voix d’eunuque, ne nous parlera plus de rien.

europe

Mais dès qu’on se met à parler « d’indépendance européenne », on fait semblant d’oublier que la valeur « Europe » a été lancée en 1947-1949 comme un contenu idéologique concurrentiel face à l’offre communiste, un « nous aussi nous avons quelque chose à proposer ».

amour

Ne m’appelle pas. Ne dis pas mon nom : on croirait que nous sommes deux.

quotation

On a tort de dire que nous croyons, nous autres [les Juifs], à un Dieu sévère, impitoyable. Ce n’est pas vrai. Nous savons que Dieu n’est pas inaccessible à la pitié. Il a des moments de distraction, comme tout le monde : parfois, il oublie un homme, et ça fait une vie heureuse.

quotation

  — On exagère toujours. On joue à se dire que c’est fini. On écoute un air essoufflé de flûte indienne. On vit seule, pour se prouver que l’on peut. Mais on regarde un étranger comme si c’était encore possible. Et je vous ferais remarquer que je sais aussi ceci : il ne suffit pas d’être malheureux séparément pour être heureux ensemble. Deux désespoirs qui se rencontrent, cela peut bien faire un espoir, mais cela prouve seulement que l’espoir est capable de tout… Je ne suis pas venu ici pour mendier…
  Je mentais, et c’étais encore une façon de mendier. Elle alla à la porte et je la suivi. Je repris mes affaires. Elle me tendit la main.
  — J’espère que nous allons quand même nous revoir, dis-je, avec beaucoup de correction.

psychologie

On ne fait pas une mère, un fils et un homme avec des manuels de psychologie, la vie se fout bien des règlements et des impératifs. La psychanalyse est un gosse de riche. N’oublions pas qu’Œdipe était un petit prince : c’est essentiel, et Freud l’a un peu oublié, non ? C’est dans les palais que ça se passait…

quotation

On ne peut pas juger les hommes par ce qu’ils font quand ils enlèvent leur pantalon. Pour leurs vraies saloperies, ils s’habillent.

réalité

[…] parce que le réalisme ne me suffisait plus et qu’il me fallait de la réalité.

quotation

Pars, va-t’en loin, comme tu l’as promis. Là. Mets ta tête ici, chez toi. Ne t’engonce pas dans le malheur, ne pense pas à moi tout le temps, je ne veux pas devenir une rongeuse… Je suis obligée de te quitter. Je te serai une autre femme. Va vers elle, trouve-là, donne-lui ce que je te laisse, il faut que cela demeure. Sans féminité, tu ne pourras pas vivre ces heures, ces années, cet arrachement, cette bestialité que l’on appelle si flatteusement, si pompeusement : « le destin ». J’espère de tout mon amour que tu vas la rencontrer et qu’elle viendra au secours de ce qui, dans notre couple, ne peut pas, ne doit pas mourir. Ce ne sera pas m’oublier, ce ne sera pas « trahir ma mémoire », comme on dit pieusement chez ceux qui réservent leur piété à la mort et au désespoir. Oh non ! Ce sera au contraire une célébration, une permanence assurée, un défi à tout ce qui nous piétine. Une affirmation d’immortalité. Il faut qu’elle t’aide à profaner le malheur : nous lui avons témoigné, depuis des millénaires, assez de « respect ». Nous baissons trop humblement, trop facilement la tête devant ce qui nous traite avec tant d’indifférence et de barbarie. C’est pour moi une question de fierté féminine. Presque de survie. Une révolte, une sorte de lutte pour l’honneur, un refus d’être bafouée. Cette sœur inconnue, va à sa rencontre, dis-lui combien j’ai besoin d’elle. Je vais disparaître, mais je veux rester femme…

quotation

Penser uniquement au présent est la seule façon d’être prévoyant…

quotation

Personne n’est jamais arrivé à résoudre cette contradiction qu’il y a à vouloir défendre un idéal humain en compagnie des hommes.

artiste

Pour l’artiste, le réel ne sera jamais le vrai, ni la vie pour le vivant.

quotation

Pour le première fois dans ma vie d’homme je m’observais plus dans l’étreinte que je ne m’oubliais.

homme

Pour moi toute la notion de "profondeur de l’homme" n’a de profond que sa prétention. La "profondeur" est un rapport tragique que l’homme a avec sa superficialité foncière, lorsqu’il en prend conscience. La tragédie profonde de l’homme, c’est sa superficialité, son insignifiance.

quotation

Que voulez-vous, nous autres, grands artistes, nous sommes tous condamnés à la bouteille à la mer. D’ailleurs, il n’y a plus de mer, il n’y plus que des bouteilles.

scénariste

Tous ces bonshommes essayaient de prendre l’écrivain et de se servir de lui comme d’un stylo ; ce n’étais pas pour moi, ce genre de servitude.

amour

  — Tu peux me quitter n’importe quand, je ne dirai rien, je te suivrai partout, je veux que tu te sentes libre. Naturellement, si tu tombes amoureux d’une autre femmes, il faut que tu me le dises, je n’avalerai pas un tube de somnifère, ce serait du chantage, j’irai seulement voir si elle est belle et puis je me coucherai vêtue de ma robe de mariée et je mourrai de vêpres siciliennes…
  — Les vêpres siciliennes sont un opéra.
  — … Mais ça sonne comme une maladie avec des plaques rouges et des vomissements. Monsieur, te dira le médecin, votre amie est atteinte de vêpres siciliennes, ça ne pardonne pas. Et toi, vêtu d’un habit et revenant d’une nuit d’amour, tu jetteras ton violon à tes pieds et tu t’écrouleras en sanglotant…
  — Mon violon ? Pourquoi aurais-je un violon ?
  — Il faut de la musique à un moment aussi triste.
  — Tu as une imagination tropicale.
  — On dit : baroque. Tous les romans et tous les films en Amérique du Sud sont baroques, en ce moment. Nous avons une très belle littérature et maintenant tu en fais partie. Je t’ai déjà écrit une dizaine de lettres que j’ai envoyées à mes amies à Rio pour qu’elles rêvent de toi. Tu vas être un amant légendaire au Brésil. J’ai des relations, tu sais. Je suis folle ?
  — Non, Laura. Mais chez nous les enfants s’arrêtent de rêver beaucoup plus tôt, parce que notre lumière et nos champs ont le goût de la mesure. Nous manquons d’Amazonie.
  — Ce n’est pas vrai, vous avez Victor Hugo.
  Tu effleures mes lèvres du bout des doigts, souris, appuies ta tête contre ma joue et mon cou, et il doit y avoir d’autres façons de vivre, il faut que je me renseigne. De lent voiliers glissent vers des rivages paisibles et je guette leur douce et chaude navigation dans mes veines. Jamais mes bras ne se sentent plus forts que lorsqu’ils crèvent de tendresse autour de tes épaules. Il y a un monde, dit-on derrière les rideaux, une autre vie, dehors, mais c’est de la science-fiction. Le flot de minutes fait un détour et s’en va grignoter ailleurs.
  — Laura…
  — Oui ? Demandes-moi, c’est le moment, je connais maintenant la réponse à tout…
  — Rien… Je voulais seulement prononcer ton nom.
  Je n’ai jamais été un homme de plaisir mais un homme de sanctuaire. Lorsque je te serre très fort dans mes bras, ton corps me donne aide et protection. La vie attend pour me reprendre dans ses tourments que je cesse d’être intouchable. Il y a autour de nous comme une chrétienté enfin accomplie de tendresse, de pardon et de justice rendu, et ensuite, lorsque nos souffles se séparent et qu’il faut recommencé à vivre coupés en deux, il reste la connaissance heureuse du sanctuaire et une œuvre immatérielle faite de certitude de retour.

quotation

Tu vois, il me manquait ce truc anarchiste très pratique qui permet de trouver à ce qu’on est une accusation sociale. On transfère sa névrose sur la société, comme au XIXe siècle, les romantiques, la transféraient sur la métaphysique.

quotation

Une civilisation suspendue au-dessus de son propre vide comme le sourire du chat de Cheshire.

quotation

Un homme est venu faire ma caricature et c’était très… ressemblant.

caractère

Vas-y. Je souffre déjà d’un excès d’informations sur moi-même, alors, un peu plus, un peu moins. De toute façon, il n’est plus possible de s’ignorer, aujourd’hui. Il y a excès de visibilité. Entre Freud et Marx, on passe son temps à faire connaissance avec son « je… ». Mais si tu crois avoir des révélations à me faire.

quotation

  — Venez. Vous ne pouvez pas rester seule à écouter cette flûte indienne à bout de souffle… Chez elle, dans les Andes, c’est compréhensible, il y a cinq mille mètres d’altitude, on ne respire pas, on ne fait qu’expirer… Mais pas rue Saint-Louis-en-l’Ile… Je sais bien que lorsqu’on ne se connaît pas, comme vous et moi, tout paraît possible… Moi aussi, j’ai assez vécu pour avoir appris à me méfier terriblement de ces espaces blancs où l’on peut écrire n’importe quoi… Vous pensez bien que je ne vais pas vous parler d’amour ni même d’amitié… seulement d’entraide… Nous avons besoin de… de divertissement, tous les deux… C’est ça, de divertissement… pour oublier…

amour

Viens plus près. Oui, je sais que tu ne peux pas : viens plus près quand même. Encore plus près… Là. Ça ne fait rien : on respirera après. Comme ça.

vie

[…] vivre est une prière que seul l’amour d’une femme peut exaucer.

humour

  — Vous croyez trop à l’humour, dit-il. L’humour est une façon bourgeoise de défendre son confort et de ne rien changer aux réalités blessantes qui vous entourent. Je ne comprends d’ailleurs pas les écorchés : comment se fait-il encore qu’ils aient eu une peau avant ? L’ironie, l’humour, la dérision est une manière de se dérober à vos responsabilités sociales. C’est antimarxiste.

quotation

Vous êtes arrivé trop tard, mais tout à l’heure, il y avait une autre attraction. Un contorsionniste. Il se tordait contrairement à toutes les lois de la nature et parvenait à se lover dans une boîte à chapeau. On vit, quoi.

quotation

  — Vous êtes saoul de malheur. Qu’est-ce que vous avez fait ?
  — … Je n’ai pas pu partir. Je lui avais promis de partir loin, pour ne pas être tenté de courir là-bas et… Je n’ai pas pu. Je suis ce qu’on appelle un faible, et chez nous, les faibles, lorsqu’on aime une femme, ça devient d’une telle… force que… lorsqu’elle est obligée de mourir pour des raisons… techniques, oui, des raisons d’organes assez abominables… parce qu’on s’en est aperçu trop tard et… Je vous disais, je crois, que chez nous, les faibles, l’amour, les séparations définitives, indépendantes de notre volonté, ces véritables abus de pouvoir… prennent des dimensions effrayantes de… de tendresse. Je pense que vous êtes peut-être une femme forte, je ne sais pas, je ne vous connais pas, alors, excusez-moi de vous avoir dérangée. Je ne puis, madame – remarquez encore une fois que je vous dis « madame », pour bien marquer que nous nous sommes étrangers – je ne puis, madame, que me réclamer de la faiblesse, parce que la force, madame, je pense qu’elle n’est pas du côté des faibles – vous noterez que je viens de faire là un bon mot, et que je ne suis pas sans ironie ni donc sans ressources…
  Un silence. Je crus qu’elle avait raccroché. Une femme forte. Puis j’entendis sa voix :
  — Où êtes-vous ?

amour

Vous l’aimez, mon petit Willie, et elle ne vous aime pas. C’est d’ailleurs ça, le grand amour : quand on est seul à aimer. Lorsqu’on s’entr’aime, c’est coupé en deux, ça ne pèse plus rien. Les gens qui s’entr’aiment ne connaissent rien à l’amour.

personnage

Dès les prémices de son œuvre philosophique, Nietzsche avait donc abouti à une impasse : d’un côté, il lui était impossible de communiquer avec ses lecteurs sans se servir de mots ; de l’autre, il estimait que les mots ne sont pas fiables. Quelle solution lui restait-il ? Il comprit que le procédé consistant à s’exprimer à travers un personnage présentait l’avantage de forcer les lecteurs à y réfléchir à deux fois avant de décider s’il convenait de croire ou non que lui-même croyait ou ne croyait pas aux dires du personnage en question.

vérité

Quelle est la valeur du vouloir de vérité ? Pourquoi ne préférerions-nous pas la non-vérité, ou l’incertitude, ou l’ignorance ? La réponse, dit-il, réside dans nos actes : notre instinct de conservation nous apprend à être superficiels.

amitié

Il n’y a pas de plaisir comparable à celui de rencontrer un vieil ami, excepté peut-être celui d’en faire un nouveau.

écriture

Le premier sot venu peut écrire. Le premier sot venu sur deux peut faire de la critique littéraire.

insulte

La seule manière élégante de réagir à une insulte, c’est de l’ignorer ; si vous ne pouvez l’ignorer, surmontez-la ; si vous ne pouvez la surmonter, riez-en ; si vous ne pouvez en rire, c’est sans doute que vous la méritez.

démocratie

La pire des démocraties est de beaucoup préférable à la meilleure des dictatures.

liberté

I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it.
Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire.

mensonge

À un menteur invétéré, la vérité apparaît comme une espèce de fiction.

réflexion

Ce qui ne tolère pas la plaisanterie supporte mal la réflexion.

vérité

Ce qui, probablement, fausse tout dans la vie, c’est qu’on est convaincu qu’on dit la vérité parce qu’on dit ce qu’on pense.

femme

Elles ont un redoutable avantage sur nous : elles peuvent faire semblant – nous, pas.

quotation

Être privé de quoi que ce soit – quel supplice ! Être privé de tout – quel débarras !

quotation

Il est incontestable que les individus s’identifient aux caricatures qu’on fait d’eux.

quotation

Il faut s’amuser à mentir aux femmes – on à l’impression qu’on se rembourse.

sommeil

Il ne faut jamais regarder quelqu’un qui dort. C’est comme si on ouvrait une lettre qui ne vous est pas adressée.

bêtise

Il y a certaines bêtises que j’aie faites parce que je savais qu’elles seraient amusantes à raconter.

infidélité

Il y a des femmes dont l’infidélité est le seul lien qui les attache encore à leur mari.

quotation

Il y a des femmes qui se jettent à votre cou comme elles se lanceraient à la tête d’un cheval, pour vous faire croire que vous êtes emballés.

parole

Il y a des gens qui parlent, qui parlent… jusqu’à ce qu’ils aient trouvé quelque chose à dire.

femme

J’ai le double de son âge. Il est donc juste qu’elle soit ma moitié.

femme

Je conviendrais bien volontiers que les femmes nous sont supérieures si cela pouvait les dissuader de se prétendre nos égales.

femme

Je suis contre les femmes. Tout contre.

fatigue

Je suis si fatigué que je bâille en dormant.

amour

Je te déteste beaucoup trop – ce n’est pas normal – je dois t’aimer encore.

quotation

Je vais donc enfin vivre seul ! Et, déjà, je me demande avec qui.

femme

La plus grande saleté qu’on puisse faire à un homme qui vous à pris votre femme, c’est de la lui laisser.

savoir

Le peu que je sais, c’est à mon ignorance que je le dois.

femme

Les femmes honnêtes sont inconsolables des fautes qu’elle n’ont pas commises.

argent

L’important dans la vie, ce n’est pas d’avoir de l’argent, mais que les autres en aient.

mariage

Mieux vaut être marié que mort, ça dure moins longtemps.

quotation

Ne faites jamais l’amour le samedi soir car s’il pleut le dimanche, vous ne saurez plus quoi faire.

amitié

Ne pas se faire d’illusion. Dans "amis", il y a l’idée d’âmes. Dans "relations", l’idée que tout est relatif.

argent

Nous ne pensons qu’à l’argent. Celui qui en a pense au sien. Celui qui n’en a pas pense à celui des autres.

vacances

Pourquoi dans les villes où l’on passe, s’applique-t-on à choisir douze cartes postales différentes puisqu’elles sont destinées à douze personnes différentes ?

mariage

Pour se marier, il faut un témoin, comme pour un accident ou un duel.

misogynie

Quand on dit d’une femme qu’elle est cultivée, je m’imagine qu’il lui pousse de la scarole entre les jambes et du persil dans les oreilles.

tendresse

Quand on donne un baiser à quelqu’un, c’est qu’on avait envie d’être embrassé soi-même.

humour

Redouter l’ironie, c’est craindre la raison.

critique

Si ceux qui disent du mal de moi savaient exactement ce que je pense d’eux, ils en diraient bien davantage.

femme

Si la femme était bonne, Dieu en aurait une !

quotation

Si vous êtes un jour traité de parvenu, tenez pour bien certain que vous serez arrivé.

bêtise

Son sommeil était, de beaucoup, ce qu’elle avait de plus profond.

quotation

Ta personne n’a pas de prix. Et je sais bien ce qu’il m’en coûte.

acteur

Tous les hommes sont comédiens, sauf, peut-être quelques acteurs.

quotation

Tu as un charme irrésistible – en ton absence – et tu laisses un souvenir que ton retour efface.

paradoxe

Victor Hugo s’est contredit pour être sûr d’avoir tout dit.

quotation

Le monde est sa propre magie.

quotation

  Lorsqu’elle souriait, c’était une tout autre vie qui apparaissait : elle avait du être heureuse longtemps.

dictature

Vivre en régime totalitaire est une expérience orwellienne ; vivre tout court est une expérience kafkaïenne. Ainsi, la condition humaine étant ce qu’elle est, on peut prédire que dans les siècles futurs, on continuera à lire Kafka, mais il faut souhaiter que l’évolution politique et la marche des événements auront finalement réussi à faire d’Orwell un écrivain définitivement dépassé… En attendant, on est évidemment encore loin du compte : aujourd’hui, je ne vois pas qu’il existe un seul écrivain dont l’œuvre pourrait nous être d’un usage pratique plus urgent et plus immédiat.

informatique

Should array indices start at 0 or 1? My compromise of 0.5 was rejected without, I thought, proper consideration.
Les indices des tableaux doivent-ils commencer par 0 ou 1 ? Mon compromis de 0,5 a été rejeté sans, je pense, la considération appropriée.

poésie

Les poètes sont comme les enfants. Quand ils s’assoient à un bureau, leur pieds ne touchent pas terre.

quotation

Rendez à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César. Mais qu’est-ce qui reste aux gens ?

débat

The most important thing in an argument, next to being right, is to leave an escape hatch for your opponent, so that he can gracefully swing over to your side without too much apparent loss of face.
Dans une discussion il ne suffit pas d’avoir raison. Il est presque aussi important de laisser à l’adversaire une issue qui lui permette de venir se ranger avec élégance à votre avis, sans trop perdre la face.

écriture

Quand je regarde mon écriture, il me semble qu’une légion de fourmis est sortie de l’encrier et a traversé la feuille sans s’essuyer les pieds.

erreur

N’accuse point la mer à ton second naufrage.

vérité

[…] les mensonges pouvaient faire le tour du monde le temps que la vérité enfile ses chaussures.

dessin animé

Hey, what’s up doc ?
(Bugs Bunny)
Hé, quoi de neuf doc ?

adoration

L’émerveillement est à la base de l’adoration.

silence

Le silence est l’élément dans lequel se façonnent les grandes choses.

liberté

Il faut choisir : se reposer ou être libre.

poésie

Si la poésie comprenait, elle deviendrait philosophie et disparaîtrait.

vie

Les valeurs pour lesquelles il vaut la peine de mourir sont identiques à celles pour lesquelles il vaut la peine de vivre.

quotation

Make it correct, make it clear, make it concise, make it fast. In that order.
Faites-le correct, faites-le clair, faites-le concis, faites-le rapide. Dans cet ordre.

croyance

À vrai dire, j’ai toujours été agnostique. J’estime que s’il y a un Dieu, il ne devrait permettre ni la famine dans le monde ni la télévision quotidienne.

mort

Bien que je n’aie pas peur de la mort, j’aime mieux être ailleurs quand ça se produira.

quotation

Bien que je ne crois pas à une vie ultérieure, j’emporterai quand même des sous-vêtements de rechange.

quotation

C’est aveuglant de clarté.

excuse

Désolé de ne pouvoir venir, mais je viens de trouver une excuse de dernière minute.

quotation

Dieu est mort, Marx est mort, et moi-même, je ne me sens pas très bien…

religion

Et Abraham tomba à genoux : […]
Mais cela ne prouve-t-il pas que je T’aime ? J’étais prêt à tuer mon fils unique pour Te montrer mon amour…
Et le Seigneur parla, en sa grande sagesse : — Ça ne prouve qu’une chose : que des crétins suivront toujours les ordres, si imbéciles soient-ils, pour peu qu’ils soient formulés par une voix autoritaire, retentissante et bien modulée !

éternité

Eternity is a very long time, especially towards the end.
L’éternité est très longue, surtout vers la fin.

quotation

Il faut que je me dépêche, la Renaissance approche et nous allons tous devenir peintres.

quotation

Il ne fait aucun doute qu’il existe un monde invisible. Cependant, il est permis de se demander à quelle distance il se trouve du centre-ville et jusqu’à quelle heure il est ouvert.

quotation

  J’ai décidé de rompre mes fiançailles avec M… […] Nous nous sommes disputés, et elle a remis sur le tapis la question des enfants, mais j’ai réussi à la convaincre qu’ils seraient trop jeunes lorsque nous en aurions.

quotation

J’aimerais dire un mot sur la contraception orale. J’ai moi-même été témoin d’un bon exemple de ce type de contraception. J’ai demandé à une fille si elle voulait coucher avec moi, et elle m’a répondu que non.

quotation

J’aimerais être un autre.

quotation

Je hais la réalité, mais c’est le seul endroit où on peut avoir un bon steak.

souvenir

Je me suis demandé si le souvenir est quelque chose que l’on a ou quelque chose que l’on a perdu.

jugement

Je ne peux pas m’en remettre au jugement des autres parce que, si on l’accepte lorsqu’ils vous disent que vous méritez un prix, on est obligé de l’accepter lorsqu’ils vous disent que vous n’en méritez pas.

éternité

Je ne veux pas devenir immortel par mon œuvre. Je veux devenir immortel en ne mourant pas.

religion

Je portais une balle de revolver dans ma poche. Quelqu’un m’a lancé une Bible… La balle m’a sauvé la vie !

vie

— J’étais à Los Alamos sur un projet marginal, il y a longtemps. Elle dit partout que je suis le père de la Bombe A.
— Dans quelle branche de la Physique opérez-vous ?
— Sur une chose plus terrifiante que l’explosion de la planète.
— Qu’y a-t-il de plus terrifiant que la destruction du monde ?
— Le fait de savoir que ça n’a aucune importance. Le hasard est total. Partant de rien, sans but aucun… finissant par disparaître à tout jamais. Je ne parle pas du monde, je parle de l’univers. L’espace, le temps… Convulsion temporaire. Et on me paie pour le prouver.
— Êtes-vous si sûr, devant le spectacle de ces millions d’étoiles, que rien n’a d’importance ?
— Comme vous, je trouve cela beau et vaguement évocateur de quelque vérité profonde qui s’échappe toujours. Puis mon point de vue professionnel reprend le dessus. Moins idéaliste… mais plus pénétrant. Et je l’appréhende pour ce qu’il est vraiment. Fortuit… moralement neutre, et d’une violence inconcevable.
— Arrêtons cette conversation. Je dors seul ce soir…
— C’est pourquoi je m’accroche à Diane et estime que j’ai de la chance. Elle est chaleureuse, pleine de vie et me berce pour m’endormir. Je n’ai donc pas à rêver de photons et de quarks.

quotation

La réponse est oui. Mais quelle est la question ?

argent

L’argent est préférable à la pauvreté, ne serait-ce que pour des raisons financières.

intelligence

L’avantage d’être intelligent, c’est qu’on peut toujours faire l’imbécile, alors que l’inverse est totalement impossible.

quotation

Le lion et l’agneau partageront la même couche. Mais l’agneau ne dormira pas beaucoup.

divorce

Ma femme a gardé la maison, la voiture, le compte en banque, et si jamais je me remarie et j’ai des enfants, elle pourra les garder aussi.

conversation

Ne discutez jamais avec quelqu’un ; souvenez-vous que les autres aussi ont le droit de dire des bêtises.

quotation

  Ne jamais oublier que tout est relatif, ou devrait l’être. Sinon, tout serait à refaire, et on ne va pas s’y mettre à cette heure-ci.

Dieu

  Non seulement Dieu n’existe pas, mais essayez d’avoir un plombier pendant le week-end !

divorce

Nous avons considéré cela comme une protestation contre la guerre au Vietnam. Certaines personnes se suicident par le feu, nous avons préféré divorcer.

art

Parfois j’ai le sentiment que l’art est la religion des intellectuels.

bonheur

Qu’est-ce que je serais heureux, si j’étais heureux.

quotation

« [Sonya] — Boris, laisse-moi te montrer à quel point ton attitude est absurde. D’accord, admettons que Dieu n’existe pas et que chacun d’entre nous est libre d’agir comme il l’entend. Alors qu’est-ce qui va bien pouvoir empêcher de commettre un meurtre ?
[Boris] — Le meurtre est une chose immorale.
[S.] — Ce qui est immoral est subjectif.
[B.] — Certes, mais la subjectivité est objective.
[S.] — Pas si l’on se réfère à n’importe quelle théorie rationnelle de la perception.
[B.] — La perception est une chose irrationnelle. Elle suppose l’immédiateté.
[S.] — Oui, mais dans l’évaluation de toute chose, que ce soit du point de vue de la théorie, ou des conditions phénoménologiques, il existe une contradiction rationnelle, ou métaphysique, ou du moins épistémologique, qui se heurte à une conception abstraite et empirique de l’étant, soit qu’il existe dans la chose en soi, ou à travers elle.
[B.] — Ça, je l’ai dit des milliers de fois. »

mort

Tant que l’homme sera mortel, il ne pourra pas être vraiment décontracté.

mort

— Tu veux vraiment mourir ?
— Non… J’ai toujours voulu vivre. C’est ça mon problème.

suicide

  Une fois encore, j’ai tenté de me suicider – cette fois en mouillant mon nez et en l’enfonçant dans une douille électrique. Malheureusement, il y eut un court-circuit et je ne réussis qu’à détraquer le réfrigérateur. Toujours obsédé par l’idée de mort, je médite constamment. Je ne cesse de me demander s’il existe une vie ultérieure, et s’il y en a une, peut-on m’y faire la monnaie de vingt dollars ?

quotation

— Vous seriez vous… engagé si je n’étais pas arrivée ?
— Je ne sais pas. Peut-être. On fait des choses étranges quand on se sent vide.

bouddhisme

— Si les êtres inanimés exposent le Dharma, qui peut les entendre ?
— Les êtres inanimés.
— Et vous, l’entendez-vous ?
— Si je l’entendais, vous ne m’entendriez pas exposer le Dharma.

quotation

Il y a trois choses qui permettent de ne pas vieillir : le sens de l’humour, la lucidité et la tendresse.

mode

La mode est une fête. S’habiller c’est se préparer à jouer un rôle…

amour

Je voudrais ciseler minutieusement mon futur sur les paumes délicates de tes mains aériennes, mêler harmonieusement ma ligne de chance à ta ligne de cœur, construire une ligne de vïe peu commune, y lire notre bonheur…

quotation

À Belleville, il n’y a pas d’établissements pour bonnes femmes moches qu’on appelle instituts de beauté.

pleur

Aline pleurait aussi. Moi je ne pouvais pas, j’étais trop ému.

quotation

  Alyette avait passé une licence de lettres pour devenir vendeuse au Prisunic, et puis, sur mes conseils, elle est devenue reine d’Espagne et avait ainsi la sécurité sociale. Je lui ai donné des cours d’histoire d’Espagne pendant trois mois, pour la préparer, parce que les hôpitaux psychiatriques sont encombrés et il y a sélection.

racisme

Après, elle me disait que Monsieur N’Da Amédée était complètement michougué, ce qui veut dire fou en juif, mais que c’était un fou dangereux et qu’il fallait donc le laisser faire pour ne pas avoir d’ennuis. Il paraît qu’il avait déjà tué des hommes mais que c’étaient des Noirs entre eux et qui n’avaient pas d’identité, parce qu’ils ne sont pas français comme les Noirs américains et que la police ne s’occupe que de ceux qui ont une existence.

quotation

  Après tout, c’est une époque d’intermédiaires. Je pense que j’aurais eu beaucoup moins besoin de lui, si j’étais croyant. J’aurais eu quelqu’un d’autre à punir

quotation

Bon, on est heureux, c’est quand même pas une raison pour se quitter ?

psychologie

Ça m’était égal que Chuck fasse des études sur mon dos, il a besoin de vivre, lui aussi.

littérature

  — Ça n’existe pas, tout, en littérature. C’est toujours des bribes. L’idée de tout dire, dans un livre, c’est une idée de débutant. Un manque de métier.

quotation

Ce mec fait toujours celui qui a déjà tout vu, comme s’il n’avait pas vingt-cinq ans mais douze.

quotation

  Ce n’est pas vrai. Ils ont lu mon livre et ils y avaient peut-être pris du plaisir, parce que c’est quelqu’un d’autre, ça les a soulagés. Mais ils ne m’ont pas suivi.

solitude

C’est dommage, parce que je suis dans les statistiques et il n’y a rien de plus mauvais pour la solitude. Lorsque vous passez vos journées à compter par milliards, vous rentrez à la maison dévalorisé, dans un état voisin du zéro. Le nombre 1 devient pathétique, absolument paumé et angoissé, comme le comique bien triste Charlie Chaplin. Chaque fois que je vois le nombre 1, j’ai envie de l’aider à s’échapper. Ça n’a ni père ni mère, c’est sorti de l’assistance publique, il s’est fait tout seul et il a constamment à ses trousses, derrière, le zéro qui veut le rattraper, et devant, toute la mafia des grands nombres qui le guettent. 1, c’est une sorte de certificat de prénaissance avec absence de fécondation et d’ovule. Ça rêve d’être 2, et ça ne cesse de courir sur place, à cause du comique. C’est les micro-organismes. Je vais toujours au cinéma pour voir les vieux films de Charlot, avec son petit chapeau et sa badine, poursuivi par le gros zéro qui le menace avec cet œil rond qui vous regarde et qui fait tout ce qu’il peut pour empêcher 1 de devenir 2. Il veut que 1 ce soit cent millions, il veut pas moins, parce que, pour que ce soit rentable, il faut que ce soit démographique. Sans ça, ce serait une mauvaise affaire et personne n’irait s’investir dans les banques de sperme. C’est comme ça que Charlot est tout le temps obligé de fuir, et il se retrouve toujours seul, sans fin et sans commencement. Je me demande ce qu’il mange.
  La vie est une affaire sérieuse, à cause de sa futilité.

disparition

C’est les chiens qui meurent les plus jeunes chez l’homme. À douze ans, on ne peut plus compter sur eux et il faut les renouveler. La prochaine fois que j’aurai un chien, je le prendrai au berceau, comme ça j’aurai beaucoup de temps pour le perdre.

lucidité

  — C’est normal, dis-je. Quand on comprend tout, on fait toujours une dépression nerveuse grave. C’est la lucidité qui veut ça.

drogue

C’est pas la peine de discuter avec les drogués, ils n’ont pas de curiosité.

peur

  — C’est pas nécessaire d’avoir des raisons pour avoir peur, Momo.
  — Ça, j’ai jamais oublié, parce que c’est la chose la plus vraie que j’aie jamais entendue.

faux

C’est pourquoi les faux papiers sont les meilleurs au monde et s’il y a une salope qui s’aperçoit deux ans après que son môme est heureux chez les autres et qu’elle veut le récupérer pour le perturber, si on lui a fait des faux-papiers en règle elle ne le retrouvera jamais, et ça lui donne une chance à courir.

bénévolat

C’était pas personnel avec mademoiselle Cora, Chuck, c’était personnel avec l’injustice. J’ai encore fait le bénévole.

réalité

  Cette nuit-là, j’ai eu de nouvelles hallucinations : je voyais la réalité, qui est le plus puissant des hallucinogènes. C’était intolérable.

égoïsme

Chuck dit que j’aurais été le premier chrétien, si c’était possible. Mais moi je crois que c’est par égoïsme et que je pense aux autres pour ne pas penser à moi-même, qui est la chose qui me fait le plus peur au monde. Dès que je pense à moi-même, c’est l’angoisse.

sollicitude

D’ailleurs, je n’attendais nullement qu’il mette son bras autour de mes épaules, en me jetant un de ces « ça va ? » qui permettent aux gens de se désintéresser de vous en deux mots et de vaquer à eux-mêmes.

empathie

Elle sifflait de plus en plus en respirant et j’avais de l’asthme pour elle, moi aussi, et le docteur Katz disait qu’il n’y a rien de plus contagieux que la psychologie.

bonheur

Et je suis heureux de voir que je vous amuse, monsieur Salomon, mais vous feriez beaucoup mieux d’être heureux, au lieu de sourire.

femme

Et puis, quand je suis payée, je sais que j’ai de la valeur. Combien de femmes se font vraiment payer, qui savent qu’elles valent vraiment quelque chose ? La plupart font ça pour rien, elles se prostituent, se gaspillent. Elles se donnent pour rien, comme si elles ne valaient rien.

prostitué

Et puis, tu sais, si on ne pouvait pas acheter de l’amour avec de l’argent, l’amour perdrait beaucoup de sa valeur et l’argent aussi. Ç’a fait du bien au pognon, je t’assure. Il en a besoin.

quotation

Gros-Câlin fut mon premier effort d’autothérapie. C’est le self-service, comme on dit lorsqu’on peut se servir soi-même.

racisme

  Il est faux de prétendre que les peuples et les personnes humaines se foutent sur la gueule parce qu’ils ne se comprennent pas. Ils se foutent sur la gueule parce qu’ils se comprennent.
[…] dès qu’il y a compréhension, il y a incompréhension.

quotation

  Il m’appelait Rodolphe parce qu’il me connaissait déjà.

mort

  — Il ne faut pas pleurer, mon petit, c’est naturel que les vieux meurent. Tu as toute la vie devant toi.
  — Il cherchait à me faire peur, ce salaud-là, ou quoi ? J’ai toujours remarqué que les vieux disent « tu es jeune, tu as toute la vie devant toi », avec un bon sourire, comme si cela leur faisait plaisir.

dictionnaire

Il ne faut pas se fier aux dictionnaires, parce qu’ils sont faits exprès pour vous. C’est le prêt-à-porter, pour aller avec l’environnement.

quotation

Il paraissait sincère. C’est un fils de comédien.

quotation

Il y a eu tout de suite une rafale de mitraillette et l’homme a crié « Non ! », comme toujours lorsqu’on meurt sans plaisir.

quotation

Il y eut un tremblement de terre en Turquie et je pleurai de soulagement parce que c’était un désastre naturel, je n’y étais pour rien.

quotation

J’ai fermé les yeux et j’ai presque prié. J’ai dit presque, parce que je ne l’ai pas fait, je suis cinéphile mais pas à ce point.

beauté

  J’ai oublié de vous dire qu’Alyette est très belle, mais je sais bien que je ne suis pas maître de mon imagination et qu’il m’arrive de voir de la beauté là où les autres ne voient que des formes physiques.

quotation

J’ai toujours rêvé d’avoir un trésor caché quelque part où il serait bien à l’abri de tout et que je pourrais découvrir chaque fois que j’avais besoin.

angoisse

J’allais lui dire que c’était lui qui m’avait collé son angoisse, mais on n’allait pas discuter pour savoir qui avait commencé, c’était peut-être déjà là avant nous tous.

personnalité

J’avais deux personnages qui luttaient en moi : celui que je n’étais pas et celui que je ne voulais pas être.

mort

Je crois que Madame Rosa, quand elle avait toute sa tête, voulait mourir pour de bon et pas du tout comme s’il y avait encore du chemin à faire après.

quotation

  Je fus très calme. Je suis toujours très calme quand je perds la tête. Parce que c’est justement ma tête qui m’empêche d’être calme.

quotation

Je les comprends très bien, les antipsychiatres : ils en ont marre des cas comme les nôtres, et ils veulent changer de cas. Ils ont besoin de renouvellement. Ils veulent changer la société pour changer de cas-cas. Ici, j’éclate d’un rire maniaque – hi ! hi ! hi – parce que s’il y a une chose dont les mots ont horreur, c’est les jeux de mots : ça les débusque. Enlevez aux mots leur sérieux, leur creux et leur pseudo-pseudo et ils sont menacés de santé et de bonnes joues fraîches. Les mots ont horreur de la santé parce que ça les rend malades.

amour

Je me demandais comment j’avais pu vivre avant si longtemps sans la connaître, vivre dans l’ignorance. Dès que je la quittais elle grandissait à vue d’œil. Je marchais dans la rue et je souriais à tout le monde, tellement je la voyais partout. Je sais bien que tout le monde crève d’amour car c’est ce qui manque le plus, mais moi j’avais fini de crever et je commençais à vivre.

évasion

Je me suis endormi avec elle aux Antilles, dans un coin qu’il faut connaître ou alors on n’a aucune chance de le trouver.

quotation

  Je me suis mis à faire pseudo-pseudo et on a cessé de me remarquer.
  Parfois, j’allais à des réunions avec des copains au Café de la Gare. Il y avait un plombier, un comptable, un fonctionnaire. Bien sûr, ils n’étaient ni plombier, ni comptable, ni fonctionnaire. Ils sont tout autre chose. Mais personne ne s’en doute, ils simulent, ils font pseudo-pseudo huit heures par jour et on leur fout la paix. Ils vivent cachés à l’intérieur et ne sortent que la nuit, dans leurs rêves et dans leurs cauchemars.

silence

Je me taisais, pour que ça chante mieux. S’il nous fallait des mots comme à des étrangers qui n’ont que ça à se mettre, ce n’était pas la peine de se comprendre.

quotation

[…] je murmurais « je vous aime » et le murmure est peut-être ce qu’il y a de plus fort au monde.

conversation

Je n’avais rien à lui dire. On pourrait donc se parler normalement.

oubli

Je ne connais pas le danois, mais insuffisamment.

quotation

  Je ne veux plus parler de tout ça et c’est pourquoi j’en parle.

quotation

  Je n’observe pas la chronologie, l’ordre et les règles, dans ce document, car j’ai lu assez de romans policiers pour savoir que l’ordre risque de mener les flics jusqu’à moi […]

angoisse

  Je n’y suis pas parvenu pour cause de haute surveillance. Le cerveau sait très bien que si nous parvenions à inventer un langage sans précédent et sans aucun rapport, ç’en serait fini de notre caractère démentiel. C’est pour parer à ce danger que les sources d’angoisse nous ont pourvu du cerveau tel quel, spécialement conçu pour nous entretenir en état de manque, d’impossibilité et de caricature.

vie

Je pense que pour vivre, il faut s’y prendre très jeune, parce qu’après on perd toute sa valeur et personne ne vous fera de cadeaux.

art

Je préfère qu’il n’y ait pas de Raskolnikov plutôt qu’il y ait Dostoïevsky. Le prix de revient de Guerre et Paix, c’est beaucoup trop cher.

langage

Je sais que les mots ont fait faillite et je comprends que tu n’en veuilles plus, que tu essayes d’aller au-delà et même de t’inventer un langage à toi. Par désespoir lyrique.

quotation

  — Je sais qu’il est occupé, des pieds à la tête. Par lui-même. Il pourrait refaire une peu de Résistance, non ? Ce serait le moment. Mais pas un mot, rien. Je peux crever.

quotation

Je sais qu’il y a beaucoup de gens qui font du bien dans le monde, mais ils font pas ça tout le temps et il faut tomber au bon moment. Il y a pas de miracle.

arbitraire

J’essayais de me dire que je n’étais pas né ce jour-là plus qu’un autre et que de toute façon ces histoires de dates de naissance, c’est seulement des conventions collectives.

langage

  — J’essaye toujours de parler à l’envers, pour arriver peut-être à exprimer quelque chose de vrai.

quotation

  — Je suis Émile Ajar ! hurlais-je, en me frappant la poitrine. Le seul, l’unique ! Je suis le fils de mes œuvres et le père des mêmes ! Je suis mon propre fils et mon propre père ! Je ne dois rien à personne ! Je suis mon propre auteur et j’en suis fier ! Je suis authentique ! Je ne suis pas un canular ! Je ne suis pas pseudo-pseudo : je suis un homme qui souffre et qui écrit pour souffrir davantage et pour donner ensuite encore plus à mon œuvre, au monde, à l’humanité ! Quand il s’agit de mon œuvre, il n’y a pas de sentiment, de famille qui tienne ! La seule chose qui compte, c’est mon œuvre !

faiblesse

Je suis un faible, je le dis sans me vanter. Je n’ai aucun mérite à ça, je le constate, c’est tout. Il y a même des moments où je me sens si faible qu’il doit y avoir erreur et comme je ne sais pas ce que j’entends par là, c’est vous dire son étendue.

dictionnaire

Je suis un fana des dictionnaires. C’est le seul endroit au monde où tout est expliqué et où ils ont la tranquillité d’esprit. Ils sont complètement sûrs de tout, là-dedans. Vous cherchez Dieu et vous le trouvez avec des exemples à l’appui, pour moins de doute : être éternel, créateur et souverain, maître de l’univers (en ce sens, prend une majuscule), être supérieur à l’homme, chargé de la protection bienveillante de toutes choses vivantes, c’est là en toutes lettres, il suffit de regarder à D entre diététique et diffa, nom donné en Afrique du Nord à la réception des hôtes de marque, accompagnée d’un repas.

quotation

  J’étais emmerdé. C’était gênant de sentir une vieille personne tellement dans le besoin qu’elle vous proposait de vous aider. Elle ne pouvait plus rêver à elle-même, alors elle se mettait à rêver à ma place. La célébrité, les queues devant les salles, les photos partout. C’était ce qu’elle aurait encore voulu pour elle-même mais c’était trop tard.

quotation

La caractéristique du plus petit, c’est son côté excédentaire. Moins on existe, plus on est de trop.

quotation

La création du monde a été entreprise dans un but uniquement artistique. C’est une réussite dont témoigne une profusion extraordinaire de chefs-d’œuvre.

amour

L’amour est seulement un mot qui chante mieux que les autres.

culpabilité

La plus grande révolution des temps modernes, c’est cette soudaine et aveuglante visibilité du monde. Nous en avons appris plus long sur nous-mêmes, au cours des dernières trente années, qu’au cours des millénaires, et c’est traumatisant. Quand on a fini de se répéter mais ce n’est pas moi, ce sont les nazis, ce sont les Cambodgiens, ce sont les… je ne sais pas, moi, on finit quand même par comprendre que c’est de nous qu’il s’agit.

quotation

La vérité, c’est qu’il y a une quantité incroyable de gouttes qui ne font pas déborder le vase.

quotation

La vie, je la respecte, parce que la police m’a toujours fait peur.

bonheur

Le bonheur, je vais pas me lancer là-dedans avant d’avoir tout essayé pour m’en sortir.

intelligence

  — Le cerveau. C’est manifestement une erreur de la nature… Ou alors une préméditation ignoble, haineuse. La création du cerveau, comme acte de haine, on n’a jamais fait mieux.

quotation

Le meilleur moment, c’est le petit matin. Après, le jour s’organise.

rêve

[…] les cauchemars, c’est ce que les rêves deviennent toujours en vieillissant.

clown

Les clowns seuls n’ont pas de problèmes de vie et de mort vu qu’ils ne se présentent pas au monde par voie familiale.

vie

Les gens tiennent à la vie plus qu’à n’importe quoi, c’est même marrant quand on pense à toutes les belles choses qu’il y a dans le monde.

silence

Le silence. Mais ce n’étais plus le même. Pas celui que je connaissais bien, un silence qui gueule. C’était un nouveau. D’habitude, quand je me réveille la nuit, ça recommence à gueuler, et j’essaye de me rendormir aussi vite que je peux. Mais cette nuit-là, avec Aline, je me réveillais exprès pour ne pas perdre une minute. Chaque fois que je m’endormais c’était comme si on me volait. Je me disais que c’était peut-être une nuit comme ça à titre exceptionnel et qu’on ne pouvait pas compter là-dessus. Je me disais que c’était seulement une nuit qui avait eu de la veine et qu’il ne fallait pas croire que c’était arrivé.

folie

Les psychiatriques sont des gens à qui on explique tout le temps qu’ils n’ont pas ce qu’ils ont et qu’ils ne voient pas ce qu’ils voient, alors ça finit par les rendre dingues.

vieillesse

Les vieux et les vieilles ne servent plus à rien et ne sont plus d’utilité publique, alors on les laisse vivre. En Afrique, ils sont agglomérés par tribus où les vieux sont très recherchés, à cause de tout ce qu’ils peuvent faire pour vous quand ils sont morts.

temps

Le temps est une belle ordure, il vous dépiaute alors que vous êtes encore vivant, comme les tueurs de bébés phoques.

psychologie

  L’infirmière prenait des notes en sténo, pour me réduire.

quotation

Madame Lola disait que le métier de pute se perdait à cause de la concurrence gratuite. Les putes qui sont pour rien ne sont pas persécutées par la police, qui s’attaque seulement à celles qui valent quelque chose.

quotation

Madame Lola s’était tellement inattendue qu’elle en est restée la bouche ouverte au milieu de la mousse.

savoir

Mais Chuck peut tout expliquer, alors il faut s’en méfier comme de la peste. Au moins, lorsqu’on ne comprend pas, il y a mystère, on peut croire qu’il y a quelque chose de caché derrière et au fond, qui peut soudain sortir et tout changer, mais quand on a l’explication, il reste plus rien, que des pièces détachées. Pour moi, l’explication, c’est le pire ennemi de l’ignorance.

humour

Mais Chuck se moque toujours de tout, c’est son intelligence qui l’exige.

euthanasie

Mais il y a une chose que je vais vous dire ; ça devrait pas exister. Je le dis comme je le pense. Je comprendrai jamais pourquoi l’avortement, c’est seulement autorisé pour les jeunes et pas pour les vieux. Moi je trouve que le type en Amérique qui a battu le record du monde comme légume, c’est encore pire que Jésus parce qu’il est resté sur sa croix dix-sept ans et des poussières. Moi je trouve qu’il n’y a pas plus dégueulasse que d’enfoncer la vie de force dans la gorge des gens qui ne peuvent pas se défendre et qui ne veulent plus servir.

femme

Mais les livres ont un commencement et une fin, et je ne veux pas parler des femmes dans ce qui a un commencement et une fin, je ne pourrais pas leur rendre justice.

quotation

  Mes poèmes était bidon, car sans Auteur, il ne peut y avoir d’authenticité. Il me semble que cela devrait paraître évident. C’est l’a b c de l’inexistence.

anonymat

Moi aussi je rêve parfois d’être une vraie ordure, là où on ne sent plus rien. Il y en a qui tueraient père et mère pour se débarrasser d’eux-mêmes, pour la désensibilisation. Marcel Kermody, c’est le nom que je vais prendre à la première occasion. J’aimerais bien être acteur parce qu’on vous prend tout le temps pour quelqu’un d’autre et vous vivez caché à l’intérieur. Quand vous devenez Belmondo, Delon ou Montand, pour ne parler que des vivants, vous avez vraiment droit à l’anonymat, surtout quand vous avez du talent et que vous savez faire Belmondo, Delon ou Montand.

tristesse

Moi ce qui m’a toujours paru bizarre, c’est que les larmes ont été prévues au programme. Ça veut dire qu’on a été prévu pour pleurer. Il fallait y penser. Il y a pas un constructeur qui se respecte qui aurait fait ça.

vie

Moi je vous dis que ce salaud-là n’était pas de ce monde, il avait déjà quatre ans et il était encore content.

bonheur

Moi, l’héroïne, je crache dessus. Les mômes qui se piquent deviennent tous habituées au bonheur et ça ne pardonne pas, vu que le bonheur est connu pour ses états de manque. Pour se piquer, il faut vraiment chercher à être heureux et il n’y a que les rois des cons qui ont des idées pareilles. Moi je me suis jamais sucré, j’ai fumé la Marie des fois avec des copains pour être poli et pourtant, à dix ans, c’est l’âge où les grands vous apprennent des tas de choses. Mais je tiens pas tellement à être heureux, je préfère encore la vie. Le bonheur, c’est une belle ordure et une peau de vache et il faudrait lui apprendre à vivre. On est pas du même bord, lui et moi, et j’ai rien à en foutre. J’ai encore jamais fait de politique parce que ça profite toujours à quelqu’un, mais le bonheur, il devrait y avoir des lois pour l’empêcher de faire le salaud.

vieillesse

Monsieur Hamil m’avait souvent dit que le temps vient lentement du désert avec ses caravanes de chameaux et qu’il n’était pas pressé car il transportait l’éternité. Mais c’est toujours plus joli quand on le raconte que lorsqu’on le regarde sur le visage d’une vieille personne qui se fait voler chaque jour un peu plus et si vous voulez mon avis, le temps, c’est du côté des voleurs qu’il faut le chercher.

quotation

  — Ne dit pas de bêtises. Si tu étais normal, je ne serais pas là, à tes côtés. Si tu étais normal, je te cracherais à la figure.

rencontre

Nous nous serrâme la main et ne trouvâme immédiatement rien à nous dire, ce qui établit entre nous une complicité sympathique.

psychologie

  Nous parlâmes des Vikings, parce que pour les psychiatres, il n’y a pas de mauvais sujets.

rire

On a ri tous les deux, pour que ce soit drôle.

quotation

  — On aurait dû faire à Adam une prise de sang.

sentiment

On ne peut pas le résumer en une question ni même en mille quand ça vient pas de la tête mais du cœur, là où on ne peut pas articuler.

faiblesse

On ne sait pas assez que la faiblesse est une force extraordinaire et qu’il est très difficile de lui résister.

douleur

On peut comme ça faire durer un mec de coup de fil en coup de fil jusqu’à ce que le pire exceptionnel soit passé et qu’il ne reste plus que le pire ordinaire.

humour

On se met tous ensemble en position de lotus, et c’est la transcendance. Tu devrais essayer.
  — Je n’ai pas vos moyens, monsieur Salomon.
  — Quels moyens ?
  — Je n’ai pas vos moyens ironiques.

racisme

Pendant longtemps, je n’ai pas su que j’étais arabe parce que personne ne m’insultait. On me l’a seulement appris à l’école. Mais je ne me battais jamais, ça fait toujours mal quand on frappe quelqu’un.

quotation

[…] pour accéder enfin au fond du néant, là où se trouve la paix sans âme ni conscience.

quotation

[…] quand je serai grand j’écrirai moi aussi les misérables parce que c’est ce qu’on écrit toujours quand on a quelque chose à dire.

jeunesse

Quand on est môme, pour être quelqu’un il faut être plusieurs.

compréhension

Quand vous avez la chance de ne pas comprendre quelque chose, il ne faut pas la laisser échapper.

insouciance

Remarquez, moi, j’aimerais bien être un truand qui n’a pas froid aux yeux et qui a tout le confort.
  — Tout le confort ?
  — Le confort moral. Qui s’en fout, quoi.

quotation

Si j’avais été maligne, je serais allée le voir deux ou trois fois, juste pour le cas où les Allemands perdraient la guerre.

égoïsme

Si j’étais moins égoïste, je m’en foutrais, de la peine qu’ils me causent tous.

quotation

  — Tu n’as pas à m’interdire de dire des conneries. C’est l’année de la femme. Nous avons les mêmes droits que vous.

douleur

Tu sais ce qu’il disait, Georges Carpentier ?
  […]
  — Qu’au commencement il y avait les coups et que c’est comme ça que nous est venue une gueule, parce que c’est la fonction qui crée l’organe.

amour

  — Un geste d’amour, c’est toujours beaucoup plus qu’un geste.

histoire

La vérité historique est faite du silence des morts.