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Auteur "Noam Chomsky" : 6 résultats (sur 3396 citations)

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  Ainsi, ce que font effectivement les médias, c’est prendre l’ensemble des postulats qui expriment les idées fondamentales du système de propagande, que ce soit à propos de la Guerre Froide ou du système économique ou de « l’intérêt national », et de présenter alors un espace de débat à l’intérieur de ce cadre : ainsi le débat ne fait qu’augmenter la force des postulats, en les incrustant dans l’esprit des gens comme s’ils constituaient le spectre tout entier des opinions possibles. Alors, vous voyez, dans notre système, ce que vous pourriez appeler « la propagande d’État » n’est pas exprimée comme telle, comme ce serait le cas dans une société totalitaire : mais elle est plutôt implicite, présupposée, elle fournit le cadre des débats qui sont admis dans la discussion dominante.
  En fait, la nature du système occidental d’endoctrinement n’est typiquement pas comprise par les dictateurs : ils ne comprennent pas à quoi sert un « débat critique » qui incorpore les postulats des doctrines officielles et qui, du coup, marginalise et élimine toute discussion critique authentique et rationnelle. Avec ce qu’on a parfois appelé « le lavage de cerveau en liberté », les critiques, ou au moins les « critiques responsables », apportent une contribution majeure à la cause en enfermant le débat dans des limites acceptables : c’est pourquoi ils sont tolérés et, en fait, même honorés.
  […]
Et la raison [de la non mise en cause sérieuse de cette thèse] en est que le « Modèle de propagande » est en fait valide, et qu’il prédit qu’il sera non pertinent – et, en réalité, même incompréhensible dans la culture de l’élite – aussi bien démontré qu’il soit. Et cela, parce que ce qu’il révèle ébranle des institutions idéologiques très efficaces et utiles. De sorte qu’il les dessert. Et sera donc éliminé.

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  Et ces sports de spectacle ont aussi d’autres fonctions utiles.
  […]
  Mais ce qui est important, c’est que ce sentiment de fidélité irrationnelle à une sorte de communauté dépourvue de sens est un entraînement à la subordination, au pouvoir et au chauvinisme. Et bien sûr, vous regardez les gladiateurs. […] Tout cela développe fortement des aspects extrêmement anti-sociaux de la psychologie humaine. Je veux dire que ces aspects existent, ils existent sans aucun doute. Mais ils sont mis en relief, exagérés et révélés par les sports de spectacles : compétition irrationnelle, fidélité irrationnelle à des systèmes de pouvoir, acceptation passive de valeurs tout à fait horribles, vraiment. En fait, il est difficile d’imaginer quelque chose qui contribue plus fondamentalement aux attitudes autoritaires, en plus du fait que cela mobilise vraiment beaucoup d’intelligence et que cela éloigne les gens d’autres sujets.

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  Le contrôle de la population est une autre question où il ne sert à rien que vous agissiez, il faut que tout le monde agisse. C’est comme la circulation : vous ne pouvez pas rendre sûr la conduite d’une voiture en conduisant bien vous-même ; il faut qu’il y ait une sorte de contrat social, sinon cela ne marchera pas. […] cela ne fait guère de différence que vous ayez l’intention de conduire prudemment si tous les autres conduisent comme des bombes, n’est-ce pas ? Ce qui est ennuyeux, c’est que c’est comme ça que fonctionne le capitalisme. La nature du système est qu’il est censé être conduit par la cupidité ; personne n’est censé s’inquiéter des autres, personne n’est censé se tracasser pour le bien commun, ce n’est pas censé vous motiver, c’est le principe du système. La théorie est que la poursuite de desseins privés mène à la satisfaction des besoins publics, c’est ce qu’on vous apprend dans les facultés d’économie. C’est tout à fait n’importe quoi, bien entendu, mais c’est ce qu’on vous enseigne. Et aussi longtemps que le système fonctionnera ainsi, oui, il va s’autodétruire.
  […]
  Il n’y a rien de mauvais dans la forme [de gouvernement] – je veux dire qu’il y a certaines choses mauvaises dans la forme – mais ce qui est vraiment mauvais, c’est le fond. Aussi longtemps que l’on a un contrôle privé sur l’économie, les formes ne font aucune différence, parce qu’elles n’y peuvent rien. On pourrait avoir des partis politiques où tout le monde se rencontre et participe, et où vous établissez les programmes ; agissez de façon participative autant que vous voulez, cela n’aura qu’un effet marginal. La raison en est que le pouvoir est ailleurs.
  […]
  En fait, si vous réfléchissez bien à la logique de tout ceci, vous verrez qu’aussi longtemps que le pouvoir restera concentré dans des mains privées, tout le monde doit s’engager à s’assurer que les gens riches soient contents, parce que sinon, personne d’autre n’obtiendra rien.
  […]
  Le capitalisme est parfait pour le tiers monde : nous sommes ravis que ces pays soient inefficaces. Mais pas pour nous. De plus, et ça s’est vérifié depuis le début de la révolution industrielle, il n’est pas une seule économie dans l’histoire qui se soit développée sans une intense intervention de l’État, tels de hauts tarifs protectionnistes, des subsides, etc. En fait, toutes les choses que nous empêchons le tiers monde de faire ont été les bases de départ du développement partout ailleurs – je pense que c’est sans exception.

éducation

Si nous avions un vrai système d’éducation, on y donnerait des cours d’autodéfense intellectuelle.

inégalité

Une société vouée, par la concentration du pouvoir économique et politique, à une redistribution tellement inégale du bien être et de l’influence, ne peut, pour survivre, que produire en permanence un consensus populaire aux valeurs qui la soutiennent.

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  Un système fédéré, décentralisé de libres associations, incorporant des institutions économiques et sociales, constituerait ce que j’apelle l’anarcho-syndicalisme ; il me semble que c’est la forme appropriée d’organisation sociale pour une société technologique avancée, dans laquelle les êtres humains ne sont pas transformés en instruments, en rouages du mécanisme. Aucune nécessité sociale n’exige plus que les êtres humains soient traités comme des maillons de la chaîne de production ; nous devons vaincre cela par une société de liberté et de libre association, où la pulsion créatrice inhérente à la nature humaine pourra se réaliser pleinement de la façon qu’elle décidera.
  De nouveau, comme M. Foucault, je ne vois pas comment un être humain pourrait ne pas s’intéresser à cette question.
  […]
  Prenons le droit international, instrumenent très faible, nous le savons, mais qui comporte des principes très intéressants. Sous beaucoup d’aspects, c’est l’instrument des puissants : c’est une création des États et de leurs représentants. Les mouvements de masse des paysans n’ont absolument pas participé à son élaboration.
  La structure du droit international reflète ce fait ; elle offre un champ d’intervention beaucoup trop vaste aux structures de pouvoir existantes qui se définissent comme des États contre les intérêts des masses de gens organisées en opposition aux États.
  C’est un défaut fondamental du droit international, et je pense qu’il est dénué de validité au même titre que le droit divin des rois. C’est simplement un instrument des puissants désireux de conserver leur pouvoir. Nous avons donc toutes les raisons de nous y opposer.