OPiCitations
vérité
Il arrive de là que, si l’on a quelque intérêt d’être aimé de nous, on s’éloigne de nous rendre un office qu’on sait nous être désagréable ; on nous traite comme nous voulons être traités : nous haïssons la vérité, on nous la cache ; nous voulons être flattés, on nous flatte ; nous aimons à être trompés, on nous trompe.
vie
Doit-on mourir souvent pendant que l’on existe ?
révolution
Il existe deux sortes de révolutionnaires ; les uns désirent la Révolution avec la Liberté : c’est le très petit nombre ; les autres veulent la Révolution avec le Pouvoir : c’est l’immense majorité.
quotation
Le discours sur les « Règles pour le parc humain » a d’une certaine manière évoqué et rendu visible son objet central, la clairière, en rappelant une fois de plus que « l’être humain » n’existe pas, mais qu’il doit se produire lui-même dans une querelle permanente autour de son être non déterminé.
Postface à l’édition française
Postface à l’édition française
folie
Autre chose. Fou à demi, j’aimerais mieux être fou en entier. Toujours la belle bleue ratée ! J’ai besoin que les choses soient totales, qu’elles durent, qu’elles soient avec plénitude, certitude, ce qu’elles sont. Si j’aimais, je voudrais aimer pleinement. Aimer avec mes doigts, avec mes yeux, avec ma bouche, avec mon âme, avec tout ce que renferment mon esprit et mon corps. Toujours, jamais : voilà des mots que je comprends ! Ce qui passe, ce qui ne dure pas, ce qui est incertain, ce qui arrivera peut-être, ce qui arrivera plus tard : je suis en plein vertige sur ma poutre. Ce qu’un de mes amis appelait : « Tes petits scrupules d’absolu ». Et ces scrupules, si je les accroche à Dieu ? Dieu ou Pas-Dieu, le monde tourne autour de cet axe. Des prêtres sont devenus prêtres parce qu’ils croyaient en lui, tout à coup ils ne croient plus. Des savants le nient, puis l’affirment. Comment savoir ? Qu’il existe, nom de nom, ou qu’il n’existe pas, mais que l’on soit fixé. Un jour, je me dis : « Peut-être oui », le lendemain « Peut-être non ». Jamais un Tout-oui, un Tout-non. S’interroger là-dessus, ne pouvoir s’en empêcher, est-ce être fou ?
J’en arrive aux phénomènes extérieurs, ceux qu’un chacun peut voir. Quand je suis sérieux, je les appelle « mes mouvements » ; quand je plaisante « mes bêtises ». Entre parenthèses, si j’étais fou, dirais-je jamais : « mes bêtises » ? Voici. Si je parle d’un petit bonhomme qui est dans ma tête, entendons-nous : il n’y a pas de petit bonhomme dans ma tête. Les choses se passent comme s’il y était. Il commande, j’obéis. Tout à coup, c’est irrésistible : ma main se lève, je pointe mon pouce et dois l’enfoncer dans l’œil. Hif ! cela fait mal. L’œil droit est déjà entamé. Qu’arrivera-t-il, quand j’attaquerai le gauche ? Réagir ! Oui : c’est l’éternel conseil à ceux qui précisément ne peuvent réagir ! Quand je m’envoie le pouce, je me gronde : « Tu te blesses, tu es stupide ». Stupide ou non, il faut. Et le mouvement doit être bien fait.
[…]
Bah ! ce sont des tics, les médecins l’affirment. Mais de grâce, que l’on se dispense de les arrêter dans une camisole de force. C’est comme si la plume sur le point de se partager, ne se partageait pas. Ce que l’on défend à mon pouce, ma pensée l’accomplit. C’est autrement pénible.
J’en arrive aux phénomènes extérieurs, ceux qu’un chacun peut voir. Quand je suis sérieux, je les appelle « mes mouvements » ; quand je plaisante « mes bêtises ». Entre parenthèses, si j’étais fou, dirais-je jamais : « mes bêtises » ? Voici. Si je parle d’un petit bonhomme qui est dans ma tête, entendons-nous : il n’y a pas de petit bonhomme dans ma tête. Les choses se passent comme s’il y était. Il commande, j’obéis. Tout à coup, c’est irrésistible : ma main se lève, je pointe mon pouce et dois l’enfoncer dans l’œil. Hif ! cela fait mal. L’œil droit est déjà entamé. Qu’arrivera-t-il, quand j’attaquerai le gauche ? Réagir ! Oui : c’est l’éternel conseil à ceux qui précisément ne peuvent réagir ! Quand je m’envoie le pouce, je me gronde : « Tu te blesses, tu es stupide ». Stupide ou non, il faut. Et le mouvement doit être bien fait.
[…]
Bah ! ce sont des tics, les médecins l’affirment. Mais de grâce, que l’on se dispense de les arrêter dans une camisole de force. C’est comme si la plume sur le point de se partager, ne se partageait pas. Ce que l’on défend à mon pouce, ma pensée l’accomplit. C’est autrement pénible.
quotation
Les sociétés animales fonctionnent pratiquement toutes sur un système de dominance lié à la force relative de leurs membres. Ce système se caractérise par une hiérarchie stricte : le male le plus fort du groupe est appelé l’animal alpha ; celui-ci est suivi du second en force, l’animal bêta, et ainsi de suite jusqu’à l’animal le moins élevé dans la hiérarchie, appelé animal oméga. Les positions hiérarchiques sont généralement déterminées par des rituels de combat ; les animaux de rang bas tentent d’améliorer leur statut en provoquant les animaux de rang plus élevé, sachant qu’en cas de victoire ils amélioreront leur position. Un rang élevé s’accompagne de certains privilèges : se nourrir en premier, copuler avec les femelles du groupe. Cependant, l’animal le plus faible est en général en mesure d’éviter le combat par l’adoption d’une posture de soumission (accroupissement, présentation de l’anus). Bruno se trouvait dans une situation moins favorable. La brutalité et la domination, générales dans les sociétés animales, s’accompagnent déjà chez le chimpanzé (Pan troglodytes) d’actes de cruauté gratuite accomplis à l’encontre de l’animal le plus faible. Cette tendance atteint son comble chez les sociétés humaines primitives, et dans les sociétés développés chez l’enfant et l’adolescent jeune. Plus tard apparaît la pitié, ou identification aux souffrances d’autrui ; cette pitié est rapidement systématisée sous forme de loi morale.
quotation
Personne n’est jamais arrivé à résoudre cette contradiction qu’il y a à vouloir défendre un idéal humain en compagnie des hommes.
croyance
Mon Dieu, si vous existez, ayez pitié de mon âme, si j’en ai une.
quotation
Les hobereaux du domaine des idées demeurent perplexes devant les graffiti des vagabonds de la pensées.
histoire
On peut violer l’Histoire mais à condition de lui faire de beaux enfants.