quotation

  Il abandonna tout effort pour suivre le fil de leurs paroles. Son regard s’était fixé sur le long cou blanc de Vanya, un cou d’oie qui vibrait comme une lyre. Doux et lisse, ce cou. Doux comme de la laine de vigogne. Si l’on vous jetait au bas d’un escalier, stupéfait, impuissant, avec le bruissement des chauves-souris à vos oreilles, et un cou comme celui-là auquel se retenir, s’accrocher, contre lequel prier… Si vous vous retrouviez soudain la bouche pleine de rhododendrons, une bouche étirée jusqu’aux oreilles, si vous aviez un orgue dans le ventre et des bras de gorille, des bras faits pour écraser, dans le blasphème et l’extase, si vous aviez toutes les ténèbres, toute la nuit pour vous y rouler, pour sacrer, pour vomir, et, près de vous, un cou qui vibre comme une lyre, un cou si doux, si lisse, un cou brodé d’yeux qui transperceraient le voile de l’avenir et parleraient une langue inconnue, une langue obscène, si…