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Œuvre "Nouveaux contes de la folie ordinaire" : 24 résultats (sur 3396 citations)

quotation

À travers le mur, on entendait la radio de ces flics à la con. Deux gosses de vingt ans avec des revolvers et des matraques devenaient les maîtres du jeu à cause de deux milles ans de christianisme taré, homosexuel et sadique.

(Les rues noires de la folie.)

quotation

  Ça pourrait aller mieux si chaque type se rendait compte que jadis, peut-être, il a été la peste de quelqu’un et qu’il ne l’a jamais su. Merde, c’est terrible de penser ça, mais c’est probablement vrai, et ça peut nous aider à supporter nos pestes. Au fond, personne n’est parfait. Chacun porte en soi son petit tas de folies et de laideurs, dont il n’a pas conscience mais qui n’échappe pas aux autres.

(Notes sur la peste.)

artiste

C’est dans la nature des artistes de tenter presque toutes les expériences. Les artistes sont des découvreurs, désespérés et suicidaires. Mais la défonce vient APRÈS l’Art, après que l’artiste existe. La défonce ne produit pas l’Art. Mais elle devient souvent la récréation de l’artiste, comme une cérémonie de l’être, et les soirées de défonce lui fournissent aussi un sacré matériel, avec tous ces gens qui se déculottent le cerveau, ou qui, s’ils ne se déculottent pas, baissent leur garde.

(La grande défonce.)

fiction

  Cette nouvelle est une fiction. Tout événement similaire survenu dans la réalité et connu du public n’a absolument pas influencé l’auteur dans le choix de ses personnages. Autrement dit, j’ai laissé courir mon esprit, mon imagination, mes facultés créatrices, en un mot, j’ai tout inventé. Certains verront dans mon récit le fruit de quarante-neuf années passées en compagnie des humains. Je n’ai copié aucun fait, aucune affaire précise, et n’ai pas cherché à blesser, à impliquer ou à condamner ceux de mes frères humains qui vécurent des événements analogues à l’histoire que voici…

(Le meurtre de Ramon Vasquez.)

quotation

EMBRASSE LA MAIN QUE TU NE PEUX PAS TRANCHER.
Proverbe touareg.
NOUS AVONS TOUS, UN JOUR OU L’AUTRE, ÉTÉ DE BRAVES TYPES.
Amiral St Vincent.
[…]

SÉSAME OUVRE-TOI – JE VEUX SORTIR.
Stanislas Jery Lec.
UN MÈTRE ÉTALON NE DIT PAS SI L’OBJET À MESURER FAIT UN MÈTRE.
Ludwig Wittgenstein.
(Dix branlettes.)

vérité

Évidemment, le problème de toute affirmation est qu’elle est facilement aussi une contre-vérité, une vérité partielle, un mensonge ou un vieux géranium.

(Un tuyau qui vaut son pesant de crottin.)

drogue

Il y a de bonnes raisons d’interdire le LSD, le DMT, le STP, on peut bousiller définitivement sa tête avec, mais pas plus qu’au ramassage des betteraves ou en bossant à la chaîne chez General Motors, en faisant la plonge ou en enseignant l’anglais dans une fac.
[…]
  Reparlons du LSD. S’il est vrai que moins tu en fourgues plus c’est risqué, on peut dire aussi que plus tu en prends plus c’est risqué. Toute activité créatrice complexe, comme la peinture, la poésie, le braquage de banques, la prise du pouvoir, te mène au point où le miracle et le danger se ressemblent comme des frères siamois.
[…]
L’herbe ne fait que rendre la société actuelle plus supportable ; le LSD est déjà en soi une autre société.
[…]
Le mauvais trip ne vient pas du LSD, mais de ta mère, du Président, de la petite fille d’en face, des vendeurs d’ice-creams aux mains sales, d’un cours d’algèbre ou d’espagnol obligatoire, ça vient d’une odeur de chiottes en 1926, d’un type avec un long nez quand tu croyais que les longs nez étaient laids, ça vient d’un laxatif, de la brigade Abraham Lincoln, des sucettes ou de Bugs Bunny, ça vient de la tête de Roosevelt, d’un verre de vinaigre, de passer dix ans dans une usine et te faire virer parce que tu as cinq minutes de retard, ça vient de la vieille outre qui t’a appris l’histoire de ton pays en sixième, de ton chien qui s’est perdu sans que personne ne t’aide à le retrouver, ça vient d’une liste longue de trente pages et haute de cinq kilomètres.

(Mauvais trip.)

drogue

  Il y a des réponses de fond et il y a le petit bout de la lorgnette. Nous nous amusons toujours avec le petit bout de la lorgnette parce que nous ne sommes pas assez mûrs ou assez vrais pour dire ce que nous voulons. Nous avons cru pendant des siècles que c’était le christianisme. Nous avons jeté les chrétiens aux lions puis nous avons laissé les chrétiens nous donner aux chiens. Nous avons compris que le communisme remplissait un peu l’estomac de l’homme de la rue mais qu’il ne changeait guère son âme. Maintenant nous jouons avec les drogues, comme si elles devaient ouvrir des portes. L’Orient a connu la drogue, bien avant la poudre à canon. Ils ont comprit qu’ils souffraient moins et qu’ils mouraient plus. Se défoncer ou ne pas se défoncer.

(La grande défonce.)

incommunicabilité

  J’ai lavé un verre et bu un peu d’eau. Puis je me suis traîné jusque dans la chambre. Vous ne saurez jamais quelle épreuve ce fut de passer de la position debout à la position allongée, sur le lit. La seule façon de m’en tirer était de ne plus faire un geste, je suis donc resté immobile comme un gros poisson surgelé bien con. Je l’entendais tourner les pages et, voulant établir une sorte de contact humain, j’ai risqué une question :
  « Comment ça s’est passé à l’atelier de poésie aujourd’hui ?
  — Oh ! je m’inquiète pour Benny Adimson, a-t-elle répondu.
[…]
  — Mais Benny Adimson n’écrit pas sur LUI-MÊME ! Il écrit sur les AUTRES.
[…]
  — Benny Adimson est trop SENSIBLE pour travailler à la poste !

(Trop sensible.)

bonheur

J’aime pas quand tu t’en vas le soir, alors qu’on pourrait jouer à la maman. Je serais la maman et toi le bébé.
[…]
  « Bébé, pourquoi les gens veulent nous faire mal avec leurs voitures ?
  — Eh bien, maman, c’est parce qu’ils sont malheureux, et les gens malheureux aiment bien tout casser.
  — Il n’y a pas de gens heureux ?
  — Il y a beaucoup de gens qui font semblant d’être heureux.
  — Pourquoi ?
  — Parce qu’ils ont honte et peur, et qu’ils n’ont pas le courage de le dire.
  — Tu as peur ?
  — J’ai le courage de te le dire à toi : j’ai tellement la trouille, maman, que j’ai peur de mourir à chaque instant.
  — Bébé, tu veux ton biberon ?
  — Oui, maman, mais quand on sera à la maison. »

(pourquoi il y a du poil sur les noix de coco ?)

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Je me moque de savoir pourquoi les gens me font des fleurs. Je prends les fleurs, et je les prends sans triomphe ni contrainte. Mon seul principe est de ne rien demander. Pour coiffer le tout, un petit microsillon tournait en crissant au sommet de mon crâne et c’était toujours le même refrain : « Bouge pas, bouge pas. » Ça me semblait correct comme idée.

(Une charmante histoire d’amour.)

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  Laissons courir, c’est encore une autre histoire. La bête a beaucoup de pattes et une toute petite tête, dans mon récit, comme dans la réalité.
[…]
  Je saute sur une autre patte de la bête : […]

(La grande défonce.)

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L’appétit des hommes ignore les états d’âme et il s’aiguise tous les jours. Au diable, les communistes !

(Un tuyau qui vaut son pesant de crottin.)

folie

  — La santé de l’esprit est une imperfection, a dit Sanchez en avalant deux cachets.

(Dix branlettes.)

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« Les deux grandes inventions de l’homme sont le lit et la bombe atomique : le premier fait tout oublier et la seconde fait tout disparaître. » Les gens me prenaient pour un fou. Des jeux d’enfants, voilà ce qui les amuse : ils passent du con de leur mère à la tombe sans jamais toucher du doigt l’horreur de la vie.

(Violet comme un iris.)

liberté

Malheureusement, la plupart des gens se croient plus libres qu’ils ne sont, et la génération hippie se trompe quand elle décide de ne pas faire confiance aux plus de trente ans. Trente ans, ça ne veut rien dire. La plupart des gens se font coincer et mouler, en bloc, dès l’âge de sept ou huit ans. Beaucoup de jeunes ont l’AIR libre, mais ce n’est qu’une chimie des cellules, de l’énergie, pas un fait de l’esprit. […] Un être libre, c’est rare, mais tu le repères tout de suite, d’abord parce que tu te sens bien, très bien, quand tu es avec lui.

(Mauvais trip.)

star

[…] nous sommes des fans des idoles d’Hollywood ; […]

(Le meurtre de Ramon Vasquez.)

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On commence à sauver le monde en sauvant un seul homme à la fois. Tout le reste, c’est du romantisme ou de la politique.

(Trop sensible.)

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  On est aujourd’hui samedi, il fait froid et le soleil va se coucher. Que faire l’après-midi ? Si j’étais Liza, je me peignerais les cheveux mais je ne suis pas Liza. Bon, j’ai un vieux Nationale Geographic et les pages brillent comme des vrais paysages. Évidemment, ce sont des faux. Autour de moi dans l’immeuble, ils sont tous soûls. Une pleine termitière de pochards. les dames passent sous ma fenêtre. Je pète, je murmure un « merde » tendre et fatigué, puis j’arrache cette page de ma machine. Elle est à toi.

(Mauvais trip.)

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  On ne manque pas de sociologues à faible quotient intellectuel aujourd’hui. Pourquoi j’en ajouterais, avec mon intelligence supérieure ? On a tous entendu ces vieilles femmes qui disent : « Oh ! comme c’est AFFREUX cette jeunesse qui se détruit avec toutes ces drogues ! C’est terrible ! ». Et puis tu regardes la vieille peau : sans dents, sans yeux, sans cervelle, sans âme, rien, rien qu’un bâton, et tu te demandes ce que son thé, ses biscuits, son église et son petit pavillon ont fait pour ELLE. Et les vieux se mettent parfois dans une colère noire contre les jeunes : « Bon sang, j’ai travaillé DUR toute ma vie ! » (Ils prennent le travail pour une vertu, mais ça prouve seulement qu’un type est taré.) « Les jeunes veulent tout pour RIEN ! Ils s’abîment la santé avec la drogue, ils s’imaginent qu’ils vont suivre sans se salir les mains ! »
  Puis tu LE regardes :
  Amen.
  Il est seulement jaloux. Il s’est fait enculer, on lui a piqué ses plus belles années. Il meurt d’envie de baiser. S’il tient jusqu’au bout. Mais il peut plus. Donc, maintenant, il veut que les jeunes souffrent comme il a souffert.

(La grande défonce.)

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Pourquoi les docteurs vaudraient-ils mieux que moi ? Je comprends pas. Le vieux coup du sorcier.

(Les rues noires de la folies.)

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  Puis ils ont commencé à me regarder. J’ai entendu des voix et elles ne venaient pas toutes de l’intérieur de ma tête :
  « Qu’est-ce qu’il a, ce fils de pute ?
  — Il croit qu’il vaut mieux que nous ?
  — Il faudra qu’il bosse avec nous, mec.
  — Pour qui il se prend ? »

(À prendre ou a laisser.)

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  Puis je me suis dit : « Voilà ce que TOUS pensent : je n’ai rien à voir avec eux. Chacun des AUTRES pense ça de LUI-MÊME. Et ils ont raison. Alors ? »

(Les vingt-cinq clochards.)

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UN PETIT BOUT DE CONVERSATION
[…] Mais Larry n’écoute pas. Il prépare son fusil. Il est parti pour Mexico chez les révolutionnaires. Les révolutionnaires bâillaient et buvaient de la téquila. Plus la barrière de la langue. Aujourd’hui, c’est le Canada. Ils ont une réserve d’armes et de nourriture dans un État du Nord. Mais ils n’ont pas la bombe atomique. Il sont baisés. Et pas d’aviation non plus.
  — Les Vietnamiens n’en ont pas. Ils s’en sortent très bien.
  — Oui, parce que avant de lancer la bombe A il faut faire gaffe à la Russie et à la Chine. Mais suppose qu’on décide de bombarder une réserve pleine de petits Castro dans l’Oregon ?
  — Tu parles comme un bon Américain.
  — Je fais pas de politique. J’observe.
  — Heureusement que tout le monde fait pas comme toi, ça ne nous mènerait pas loin.
  — Ça nous a mené loin ?
  — Je sais pas.
  — Moi non plus. Mais je sais que beaucoup de révolutionnaires sont des cons, et des RASEURS, des raseurs de première en plus. Mec, je dis pas qu’il ne faut pas aider les pauvres, éduquer les analphabètes ou mettre les malades à l’hôpital. Je dis que la soutane se porte bien chez les révolutionnaires, et que certains sont de pauvres diables bouffés par l’acné, des cocus qui portent d’infects petits badges pour la Paix au bout d’une ficelle qui leur pendouille autour du cou. La plupart sont des suiveurs qui bosseraient aussi bien pour la General Motors. S’ils étaient capables de se fixer. J’en ai assez de passer de petits chefs en petits chefs. On fait ça à chaque élection.
  — Je crois tout de même que la révolution nous débarrasserait d’un chié paquet de merdes.
  — Qu’elle gagne ou qu’elle perde, c’est du kif. La révolution nous débarrassera d’un paquet de bonnes choses et d’un paquet de mauvaises. L’Histoire se fait très lentement. Moi, j’irai m’installer dans un arbre.
  — Rien de tel pour observer.
  — Ouais. Reprends donc de la bière.
  — Tu continues de parler comme un réactionnaire.
  — Écoute, rabbin, j’essaie de voir le truc sous tous les angles, et pas seulement de mon point de vue. Le Système ne s’affole pas. Il faut lui reconnaître ça. Je discuterai toujours avec le Système. Je sais que je me frotte à un dur. Regarde ce qu’ils ont fait de Spock, des deux Kennedy, de Luther King, de Malcolm X. Fais la liste. Elle prend de la place. Si tu fonces dans le gras du bide des costauds, tu te retrouves en train de sucer les racines de pissenlit à Forest Lawn. Pourtant, les temps changent. Les jeunes pensent mieux que les vieux, les vieux clamsent. Il doit y avoir moyen d’y arriver sans tuer tout le monde.
  — Ils t’ont fait craquer. Pour moi, c’est « la Victoire ou la Mort ».
  — C’est ce que disait Hitler. Il a eu la Mort.
  — Tu écris des trucs du genre de Rue de la Peur, et tu veux parader et serrer la main des tueurs.
  — Je t’ai serré la main, rabbin ?
  — Tu tournes tout en dérision alors qu’en ce moment précis on commet des cruautés.
  — Tu parles de la mouche et de l’araignée ou du chat et de la souris ?
  — Je parle de l’Homme contre l’Homme, quand l’Homme a les moyens de faire autrement.
  — Il y a du vrai dans ce que tu dis.
  — Pas qu’un peu. Il n’y a pas que toi qui aies une grande gueule.
  — Alors que conseilles-tu, de brûler la ville ?
  — Non, de brûler la nation.
  — Tu feras vraiment un sacré rabbin.
  — Merci.
  […]
  — Je crois tout de même que tu es un peu lâche.
  — Oui, c’est sûr. Le lâche est un homme qui prévoit l’avenir. Les héros ont rarement de l’imagination.
  […]
Et seules quelques perdrix solitaires se souviendront que les dés ont roulé et que les murs ont souri. Bonne nuit.