OPiCitations

Auteur "Wim Wenders" : 13 résultats (sur 3395 citations)

doublage

À Paris on peut voir des films en version originale, et on s’aperçoit avec effarement qu’on a pris l’habitude de voir les films mutilés. Les vraies voix de James Stewart et de Richard Widmark : ce n’est pas seulement une dimension supplémentaire ou un plus grand degré de plaisir que les voix doublées, c’est un tout autre film.
(Vieilles cicatrices, nouveau chapeau : Eddie Constantine)

langage

Ce qui fait face à cela dans Nashville, ce sont Linnea et ses deux enfants, qui parlent, mais à grand-peine et avec des fautes, parce qu’ils ne peuvent pas s’entendre. Ils accompagnent aussi leurs paroles de signes. Linnea les écoute et les regarde, et quand elle répond, les enfants la regardent. Il y a une émotion profonde dans ces scènes. On y voit clairement ce qui seul permet à la langue de fonctionner : un don. Écouter est aussi, ici, regarder. Soudain, il apparaît à l’évidence que le cinéma est un langage. Dans le langage par signes de Linnea et de ses enfants, il n’y a pas de mensonges ; ce qui rend d’autant plus visibles les grands mensonges qui les entourent.
(Nashville : Un film où on peut apprendre à entendre et à voir)

cinéma

Il est difficile de faire comprendre par cette énumération, et même de comprendre soi-même, la performance d’Altman racontant toutes ces histoires simultanément sans qu’elles ne se tuent ni ne se refoulent les unes les autres. Au contraire : dans leur réunion, elles s’additionnent pour donner une forme d’histoire particulière, toute nouvelle. Et cette manière de raconter une histoire libère tous les 24 personnages des contraintes qu’impose ordinairement la « story » aux acteurs, les personnages devant s’orienter plus en fonction de la dramaturgie que de leur capacité à dégager leur propre personnalité, à « représenter » leur présence sans médiation. Dans Nashville, 23 acteurs peuvent faire cela : libérés d’une dramaturgie de la story et par là même libres pour l’histoire, ils peuvent déployer toutes leurs facultés d’être « vivants », bien que, naturellement, ils « jouent ». On voit comme ils s’occupent à vivre.
  Altman dit dans une interview : « We are not telling a story. We are showing. »
(Nashville : Un film où on peut apprendre à entendre et à voir)

cinéma

  Il y avait des raisons pour que quelque chose d’aussi direct soit possible à Hollywood : on était encore loin de planifier les films avec la même minutie tatillonne qu’aujourd’hui, où on a si souvent l’impression que les scénarios sont d’abord écrits par des comités, puis surgelés pendant quelques années et enfin cuisinés à une trop grande chaleur.
(Les hommes dans l’arène du rodéo : avides)

mort

Je m’étais mis à lire tout ce que j’avais pu me procurer de et sur Fritz Lang, et plus j’avançais, plus ma colère grandissait contre cette schizophrénie qui fait que, parce qu’il est mort, on doit respecter quelqu’un qu’on ne respectait pas de son vivant. Les nécrologies, à la télévision et dans les journaux, me paraissaient suspectes. Je ne pouvais m’empêcher de penser qu’elles cachaient un soulagement, voire l’inverse : un malaise. Et les phrases, parfaitement justes, sur l’importance de Lang pour l’évolution du cinéma et de son langage, tournaient d’une manière ou d’une autre à la justification. Maintenant qu’il est mort, on veut en faire un mythe le plus vite possible. Merde. Sa mort n’est pas une solution.
(Sa mort n’est pas une solution : Le metteur en scène allemand Fritz Lang)

temps

Je vais t’expliquer. Le temps compte : premièrement. Pour la belette, le temps est une belette, pour le héros, le temps est héroïque, pour la pute, ce n’est qu’une passe de plus. Si tu es doux, ton temps est doux. Si tu es pressé, le temps s’enfuit. C’est un serviteur, si tu es son maître. Ton dieu, si tu es son chemin. Nous sommes les créateurs, les victimes et tueurs du temps. Le temps est intemporel : deuxièmement. Tu es l’horloge, Cassiel.

capitalisme

Le CAPITALISME DE LA DERNIÈRE HEURE
ne peut s’affirmer
qu’en mentant tant et plus.
Il le fait seulement de manière beaucoup plus agréable et divertissante
que le SOCIALISME DE LA DERNIÈRE HEURE,
c’est-à-dire avec de grandioses formes vides,
au lieu de grandioses contenus vides.
(Le rêve américain)

rêve

Le « Rêve américain » a toujours été à portée de la main,
Ce qui voulait dire : beaucoup pouvaient le rêver,
quelques-uns ont pu, avec le rêve du plus grand
nombre, donner une réalité au leur.
(Le rêve américain)

cinéma

Mais ces réserves de critique cinématographique sont orientées sur les besoins du jour : elles fournissent la plupart du temps des critères de goût, des opinions sur des films. On y écrit ce que les distributeurs pourront citer, mais on n’y crée pas une conscience du cinéma comme langage ou comme culture. Cette forme de critique s’exprime sur des films isolés mais elle ne compare plus, ni avec l’histoire du cinéma, ni avec l’état du cinéma aujourd’hui dans le monde, encore moins avec l’état du monde. En écrivant sur le cinéma seulement comme quelque chose qu’on peut, qu’on doit ou qu’on ne doit pas voir, elle occulte le sens du cinéma comme quelque chose qui est en rapport avec la vie. qui renseigne sur notre temps de façon plus exacte que le théâtre, la musique ou les arts plastiques, qui peut nuire aux hommes en les éloignant de leur désirs et de leurs peurs, ou qui peut servir les hommes en leur ouvrant la vie et en leur mettant des libertés sous les yeux, bref : le fait que le cinéma est plus que l’industrie qui produit des films.
(Nashville : Un film où on peut apprendre à entendre et à voir)

quotation

On a attisé de faux espoirs, non : on a attisé faussement les espoirs.
(Nashville : Un film où on peut apprendre à entendre et à voir)

temps

— On dit : "Le temps, c’est de l’argent", mais on a tout faux. Le temps c’est l’absence d’argent ! Vous êtes d’accord ?
— Qu’ajouter à ça ?

quotation

(Une remarque en passant :
comme il est difficile de comprendre
que l’expression « usine de rêves »
garde une connotation admirative,
alors qu’elle appartient au fond
à la même famille que
« lavage de cerveau » ou « destruction massive ».)
(Le rêve américain)

solitude

— Vous êtes fêlé !
— Je ne vous écoutais même pas !
— Eh bien, écoutez maintenant !
  [claque]
— C’est donc ça, la solitude. C’est moche, je te le dis.
  Personne n’écoute ce qui se passe en l’autre, personne ne parle à son cœur. Personne ne demande rien, pas même le chemin. Que vais-je faire ici ? Traîner et regarder venir le jour, et puis la nuit ? Rien n’a plus de sens. Je ne dois pas oublier ma mission : comment voient et entendent les hommes ? Je ne peux que dire : tout est tellement beau ! Il fait chaud, le soir descend, les oiseaux célèbrent une fête, le ciel est devenu pastel. Mais derrière tout ça ? Derrière, je ne vois et n’entends plus le souffle de l’éternité, les lois de l’univers, la lumière de l’amour. Je crois que pour les hommes, il n’y a rien derrière. Chacun crée son monde à partir de ce qu’il entend et voit. On y est prisonnier, et depuis sa cellule, on voit la cellule des autres.