quotation

  Je savais que les queues me tuaient. Je ne pouvaient pas m’y faire, pourtant tout le monde s’y faisait. Tout le monde était normal, sauf moi. La vie était belle, pour eux. Ils pouvaient faire la queue sans souffrir. Ils pouvaient faire la queue jusqu’à la mort. En fait, ils aimaient faire la queue. Ils papotaient, se marraient, souriaient, flirtaient. Ils n’avaient rien d’autres à faire. Ils n’imaginaient pas autre chose. Dire que je devais contempler leurs oreilles, leurs bouches, leurs cous, leurs jambes, leurs culs, leurs narines, tout le tintouin. Je sentais des vapeurs méphitiques et mortelles sourdre de leurs corps ; quand j’écoutais leurs conversations, j’avais envie de hurler : « Jésus Marie Joseph, au secours ! Dois-je vraiment souffrir à ce point pour acheter deux cents grammes de bidoche et une baguette ? ».
(Docteur nazi)