quotation

Et de quoi nous sauve-t-on ? Ben, probablement, de…, de l’idée qu’il n’y a rien à faire. Donc, qu’est-ce qui sauve, alors ? C’est la foi, c’est l’amour, c’est la vérité. Moi je pense la vérité, plus que tout. Plus que tout au monde. L’amour sans la vérité, ce n’est rien. Et la vérité de l’amour, c’est souvent la haine. Il n’y a pas d’amour qui ne soit que l’amour, qui ne haie (haïsse, je sais…) l’amour, l’amour… ça n’existe pas. Bonbons Kréma, mais aussi autre chose.

C’est très confortable de sauver les autres, parce qu’on leur donne toute son énergie et puis on ne pense jamais à soi, et ça permet de ne pas se poser la question de la morale. Parce que penser à soi, ça veut dire s’imposer, et s’imposer, ça veut dire…, ça veut dire être horrible. Alors après il y a les limites à ce qu’on peut accepter comme horreur venant de soi.

On voit tellement à quel point, les gens qui se font écraser, c’est facile de les écraser, une fois qu’on a appris à être du côté de ceux qui écrasent, qu’alors on écrase. Mais moi, je ne veux pas être comme ça. D’un autre côté, me faire écraser, je ne veux plus non plus. J’ai compris : je suis plutôt du coté des ogres et des vampires maintenant. Je suis du côté des grands, je suis du côté des malades de la mort, je suis du côté des manipulateurs, je suis du côté des gens qui savent, je suis du côté du manche. Mais je sais ce que c’est d’être du côté de l’enclume, un peu, pas mal. C’est pour ça qu’il faut m’écouter.

Moi, j’ai toujours sauvé les gens mais je ne les ai pas éduqués. Les éduquer, c’est vrai, ça implique un certain rapport de manipulation. Mais alors il faut faire attention, parce qu’éduquer ça doit être pour renforcer, toujours, toujours, toujours. Donc, si on dit, il y a des défauts, pas de discours sur le défaut. Pour éduquer sans détruire, sans bouffer l’autre, tout ça. Les parents devraient être sous surveillance judiciaire permanente, je pense, parce que c’est tellement facile de profiter de l’innocence de ses propres enfants. Et les enfants deviennent fous. […] Les parents font des choses atroces, on n’a pas le droit de s’en plaindre, et puis après, soit on devient complètement maso et on recherche des situations où on va se faire à nouveau torturer, comme moi, bon, jusqu’ici, soit on devient comme eux, c’est-à-dire qu’on devient un bourreau, parce qu’on voit très bien ce qui se passe et qu’on se dit Bon ben, à charge de revanche, sur d’autres. C’est vraiment pas brillant