quotation

je me demande pourquoi la nature met tant d’entêtement
tant d’adresse et tant d’indifférence biologique
à faire que vos fils ressemblent à ce point à leur père depuis
les jupes de vos femmes matrimoniaires
jusqu’aux salonnardes équivoques où vous les dressez à
boire dans votre grand monde à la coupe des biens pensants
Moi je suis un bâtard Nous sommes tous des bâtards
Ce qui nous sépare aujourd’hui c’est que votre bâtardise à vous
est sanctionnée par le Code Civil sur lequel avec votre permission
je me plais à cracher avant de prendre congé
Soyez tranquille ! Vous ne risquez rien IL N’Y A PLUS RIEN
et ce Rien on vous le laisse
Foutez-vous-en jusque là si vous pouvez Nous on peut pas
Un jour dans dix mille ans quand vous ne serez plus là
Nous aurons TOUT Rien de vous Tout de Nous
Nous aurons eu le temps d’inventer la Vie la Beauté
La Jeunesse Les larmes qui brilleront comme des émeraudes
dans les yeux des filles Les bêtes enfin détraquées
La priorité à gauche Permettez ! Nous ne mourrons plus
de rien Nous vivrons de tout
Et les microbes de la connerie que vous n’aurez pas
manqué de nous léguer montant de vos fumures
de vos livres engrangés dans vos silothèques
de vos documents publics de vos règlements d’administration
pénitentiaire de vos décrets de vos prières même
tous ces microbes juridico-pantoufles
Soyez tranquilles ! Nous avons déjà des machines
Pour les révoquer NOUS AURONS TOUT
DANS DIX MILLE ANS