écriture

  La vérité, fût-elle littéraire, est un engagement, à condition que plane, au-dessus de chaque affirmation, l’ombre du doute. Mais les écrivains de théâtre s’adressent au public, une masse. Elle n’aime que l’action, la masse, c’est ça le problème. Elle est hystérique, mais faiblement émotive. Si la masse était émotive, il n’y aurait plus de guerres, plus de boucheries. Les moments émus de la masse tournent vite à l’hystérie, à la sauvagerie, au pillage, au sacrifice. L’écrivain doit réussir à vous convaincre qu’il en sait plus que vous, que, malgré cela, il doute plus que vous. Claude m’a demandé « à balader ainsi le lecteur entre vrai et faux, est-ce que tu jouis ? – Il n’y a même que ça qui me fait jouir » j’ai répondu. Sèchement, j’aime autant vous le dire. Je ne suis pas devenue frigide spécialement, ce n’est pas cela. Mais je ne me sens vivante qu’en écrivant. Quand l’écriture arrive. La vie en train de s’effacer autour. De se rassembler en même temps au cœur, dans l’écrit. Pareil quand on fait l’amour bien sûr, la vie autour s’efface, et se concentre uniquement sur les organes sexuels, exacerbés.