OPiCitations

Auteur "Émil Michel Cioran" : 102 résultats (sur 3395 citations)

quotation

1er octobre. Toute idée est une exagération. Penser, c’est exagérer.

quotation

Antiphilosophe, j’abhorre toute idée indifférente : je ne suis pas toujours triste, donc je ne pense pas toujours. Quand je regarde les idées, elles me paraissent plus inutiles encore que les choses ; aussi n’ai-je aimé que les élucubrations des grands malades, les ruminations de l’insomnie, les éclairs d’une frayeur incurable et les doutes traversés de soupirs.

société

Après chaque conversation, dont le raffinement indique à lui seul le niveau d’une civilisation, pourquoi est-il impossible de ne pas regretter le Sahara et de ne pas envier les plantes ou les monologues infinis de la zoologie ?

Dieu

Avec un peu d’empressement, nous aurions pu rendre Dieu plus heureux. Mais nous l’avons abandonné, et il est maintenant plus seul qu’avant le commencement du monde.

savoir

Avoir une conscience toujours en éveil, redéfinir sans cesse son rapport au monde, vivre dans la perpétuelle tension de la connaissance, cela revient à être perdu pour la vie. Le savoir est un fléau, et la conscience une plaie ouverte au cœur de la vie.

vie

Celui qui a vaincu la peur de mourir a triomphé aussi de la vie, elle qui n’est que l’autre nom de cette peur.

mort

Celui qui a vaincu la peur peut se croire immortel ; celui qui ne la connaît pas, l’est. Il est probable qu’au paradis les créatures disparaissaient aussi, mais ne connaissant pas la peur de mourir, elles ne mouraient en somme jamais. La peur est une mort de chaque instant.

rancune

Celui qui m’assure ignorer la rancune, j’ai toujours la tentation de lui donner une gifle, pour lui montrer qu’il se trompe.

quotation

Ce matin, après avoir entendu un astronome parler de milliards de soleils, j’ai renoncé à faire ma toilette : à quoi bon se laver encore ?

limite

Ce qui m’a toujours gâté, c’est qu’avant d’approfondir quoi que ce soit j’en vois les limites. Qu’il s’agisse d’un être, d’un objet, d’une idée. Là-dessus, il faut bien parler d’intuition. Je m’en serais passé volontiers. On n’imagine pas don plus funeste.

mort

C’est le propre des gens normaux que de considérer la mort comme surgissant de l’extérieur, et non comme une fatalité inhérente à l’être. L’une des plus grandes illusions consiste à oublier que la vie est captive de la mort.

quotation

C’était un très gros type qui donnait l’impression d’être très prospère et serein. Il n’était pas méchant, il n’était pas salaud, mais il était incapable d’avoir la moindre illusion sur quoi que ce soit. Cela représente aussi une forme de connaissance – car, au fond, qu’est-ce que la connaissance, sinon la démolition de quelque chose ?

quotation

Chaque homme s’accroche désespérément à sa mauvaise étoile.

réflexion

Croire à la philosophie est signe de bonne santé. Ce qui ne l’est pas c’est se mettre à penser.

religion

Dans les églises, je pense souvent que la religion pourrait être une grande chose s’il n’y avait pas les croyants, mais seulement l’angoisse religieuse de Dieu, que nous disent les orgues.

Dieu

Dieu s’installe dans les vides de l’âme. Il louche vers les déserts intérieurs, car, à l’instar de la maladie, il se prélasse aux points de moindre résistance. Une créature harmonieuse ne peut croire en Lui. Ce sont les infirmes et les pauvres qui l’ont « lancé », à l’image des rangés et des désespérés.

quotation

  Dire qu’il y a des gens qui s’accordent le droit de vous ennuyer pendant trois heures d’affilée !
  La peur d’importuner, au vrai de ne pouvoir distraire les autres, fait que je ne peux rendre visite à personne, – à moins d’un grand effort sur moi.

écriture

Donc celui qui écrit c’est quelqu’un qui se vide. Et au bout d’une vie, c’est le néant. C’est pour cela que les écrivains sont si peu intéressants.

écriture

Donc rien de ce qui fait le sens de la musique ne passe dans l’écriture. Et pourquoi écrire dans ces conditions ? Et de toute façon pourquoi écrire en général ?… Tout le monde écrit trop d’ailleurs.

prévoyance

En jugeant sans pitié ses contemporains, on risque d’avoir raison et de faire aux yeux de la postérité figure d’esprit incisif et clairvoyant.

Dieu

Entre le rien et Dieu, il y a moins d’un pas, car Dieu est l’expression positive du rien.

douleur

Est bavardage toute conversation avec quelqu’un qui n’a pas souffert.

illusion

Et avec quelle quantité d’illusions ai-je dû naître pour pouvoir en perdre une chaque jour ?

religion

« et les derniers seront les premiers ».
Cette promesse à elle seule suffirait à expliquer la fortune du christianisme.

solitude

Être seul, impitoyablement seul, voilà l’impératif auquel il faut se soumettre coûte que coûte. L’univers est un espace vacant et les créatures n’existent que pour attester et consolider notre isolement. Je n’ai jamais rencontré personne, je n’ai fait que trébucher sur des ombres simiesques.

travail

Il est curieux qu’ayant les convictions que j’ai, j’arrive à tirer du plaisir de mon travail (quand je travaille !). Il n’y a que le travail qui nous fasse oublier l’essentiel, c’est-à-dire ce à quoi il ne faut pas penser si on veut entreprendre quelque chose et laisser des traces.
  Le travail – divine obnubilation !
  Si je pouvais oublier tout ce que je sais !

quotation

Il est incroyable que la perspective d’avoir un biographe n’ait fait renoncer personne à avoir une vie.

Dieu

Il faut penser à Dieu, et non à la religion, à l’extase, et non à la mystique. La différence entre le théoricien de la religion et le croyant est aussi grande qu’entre le psychiatre et le fou.

quotation

Il fut un temps où, me croyant l’être le plus normal qui fut jamais, je pris peur, et passai tout un hiver à lire des bouquins de psychiatrie.

pleur

Il n’est guère qu’un signe qui atteste qu’on a tout compris : pleurer sans sujet.

humilité

— J’ai le sentiment du néant, mais je n’ai pas d’humilité. Le sentiment du néant est le contraire de l’humilité.
— N’est pas humble celui qui se hait.

vérité

J’appelle simple d’esprit tout homme qui parle de la Vérité avec conviction : c’est qu’il a des majuscules en réserve et s’en sert naïvement, sans fraude ni mépris.

idée

Je n’ai jamais émis d’idées, j’ai toujours été possédé par elles. Quand je crois en concevoir une, c’est elle qui me tient et m’asservit.

écriture

Je n’aimais que les grands malades, à vrai dire, et, pour moi, un écrivain qui n’est pas malade est presque automatiquement un type de second ordre.

obsession

Je n’ai pas d’idées – mais des obsessions. Des idées, n’importe qui peut en avoir. Jamais les idées n’ont provoqué l’effondrement de qui que ce soit.

espoir

Je ne sais pas si je suis désespéré, car l’absence de tout espoir n’est pas forcément le désespoir.

Dieu

Je relus les mystiques, mais ce que j’aimais en eux c’était le côté excessif et surtout le fait qu’ils parlaient avec Dieu d’homme à homme, si j’ose dire…

quotation

J’essaie, depuis quelques jours, de voir ce que l’idée de surhomme veut bien vouloir dire. Eh bien, plus je m’efforce d’en préciser le sens, plus je trouve qu’elle n’en possède aucun. C’est une idée plus puérile que délirante. Ou plutôt une grande idée pour adolescents ou pour la populace. Il y a tout un côté pénible chez Nietzsche, qui tient en grande partie à son excès de génie et à son manque de maturité, au fait qu’il n’a pas eu le temps de vieillir, je veux dire de connaître le désabusement, le dégoût du serein.

ennui

Je suis très sensible au phénomène de l’ennui. Je me suis ennuyé toute ma vie – et la littérature tourne autour de l’ennui, c’est le néant continu. Moi-même, j’ai vécu le phénomène de l’ennui peut-être de façon pathologique, mais je l’ai fait parce que je voulais m’ennuyer. Le problème est que quand on s’ennuie partout, c’est fichu, n’est-ce pas ?

savoir

La connaissance à petite dose enchante ; à forte dose, elle déçoit. Plus on en sait, moins on veut en savoir. Car celui qui n’a pas souffert de la connaissance n’aura rien connu.

savoir

La connaissance se confond avec les ténèbres. Je renoncerais volontiers à tous les problèmes sans issue en échange d’une douce et inconsciente naïveté. L’esprit n’élève pas : il déchire.

création

La création est une préservation temporaire des griffes de la mort.

justice

La justice est, littérairement, un idéal médiocre.

lucidité

La lucidité complète, c’est le néant.

maxime

L’aphorisme ? Du feu sans flamme. On comprend que personne ne veuille s’y réchauffer.

conscience

  La seule chose que j’ai jamais comprise à fond : le drame de la conscience. Être conscient est un drame qui se termine avec la mort. Du moins, espérons-le…

vie

La vie est supportable uniquement parce que l’on ne va pas jusqu’au bout.

définitif

Le commentateur s’en donne à cœur joie, lui qui aime à combler les lacunes, les intervalles entre les « pensées » ou maximes ; et à divaguer impunément ; il peut sans grand risque construire une figure à sa guise. Car ce qu’il aime lui, c’est l’arbitraire, qui lui donne l’illusion de la liberté et de l’invention : c’est de la rigueur à bon marché.

vérité

Le diable paraît bien pâle auprès de celui qui dispose d’une vérité. Les vrais criminels sont ceux qui établissent une orthodoxie sur le plan religieux ou politique, qui distinguent entre le fidèle et le schismatique. Lorsqu’on se refuse à admettre le caractère interchangeable des idées, le sang coule…

démocratie

Le drame de ces régimes, c’est l’optimisme obligatoire.

vie

Le fait que j’existe prouve que le monde n’a pas de sens.

religion

Le plus humble des chrétiens a des moments où il s’entretient avec Dieu d’égal à égal. La religion elle-même tolère ces grands airs sans lesquels l’homme crèverait de modestie. C’est pourquoi l’athéisme flatte la liberté humaine, car en parlant de haut à Dieu, il élève l’orgueil au rang de démiurgie. Celui qui n’a jamais méprisé le principe suprême est prédestiné à l’esclavage. Nous ne sommes véritablement nous-mêmes que dans la mesure où nous humilions le Créateur.

folie

Le pressentiment de la folie se double de la peur de la lucidité dans la folie, la peur des moments de retour à soi, où l’intuition du désastre risque d’engendrer une folie. On aimerait le chaos, mais on a peur de ses lumières.

progrès

Le progrès est l’injustice que chaque génération commet à l’égard de celle qui l’a précédée.

qualité

Le secret d’une habilité réside dans un défaut plus ou moins clandestin.

mort

Le seul argument contre l’immortalité est l’ennui. De là dérivent d’ailleurs toutes nos négations.

religion

Les mortels parlent de Dieu pour masquer leur folie. Aussi longtemps que vous vous occupez de Lui vous avez des excuses à vos égarements. Dieu ? Une démence admise, officielle.

destin

Le succès n’appelle pas forcément le succès ; mais l’échec appelle toujours l’échec. Destin est un mot qui n’a de sens que dans le malheur.

espoir

L’idée du néant n’est pas le propre de l’humanité laborieuse : ceux qui besognent n’ont ni le temps ni l’envie de peser leur poussière ; ils se résignent aux duretés ou aux niaiseries du sort ; ils espèrent : l’espoir est une vertu d’esclaves.

conviction

N’a de conviction que celui qui n’a rien approfondi.

jugement

Ne juge personne avant de te mettre à sa place. Ce vieux proverbe rend tout jugement impossible, car nous ne jugeons quelqu’un que parce que justement nous ne pouvons nous mettre à sa place.

lucidité

Ni assez malheureux pour être poète… ni assez indifférent pour être philosophe, je ne suis que lucide, mais assez pour être condamné.

vie

Non seulement la vie n’a aucun sens, mais elle ne peut pas en avoir un.

bonheur

Nous méprisons à juste titre ceux qui n’ont pas mis à profit leurs défauts, qui n’ont pas exploité leurs carences, et ne se sont pas enrichis de leurs pertes, comme nous méprisons tout homme qui ne souffre pas d’être homme ou simplement d’être. Ainsi l’on ne saurait infliger offense plus grave que d’appeler quelqu’un "heureux", ni le flatter davantage qu’en lui attribuant un "fond de tristesse"… C’est que la gaîté n’est liée à aucun acte important et, qu’en dehors des fous, personne ne rit quand il est seul.

quotation

Nous ne sommes nous-mêmes que par la somme de nos échecs.

Dieu

On ne croit en Dieu que pour éviter le monologue torturant de la solitude. À qui d’autre s’adresser ? Il accepte, semble-t-il, volontiers le dialogue et ne nous en veut pas de l’avoir choisi comme prétexte théâtral de nos abattements.

liberté

On ne demande pas la liberté, mais l’illusion de liberté. C’est pour cette raison que l’humanité se démène depuis des millénaires.
Du reste la liberté étant, comme on a dit, une sensation, quelle différence y a-t-il entre être libre et se croire libre ?

normalité

On ne devient pas normal impunément.

vie

On ne peut pas vivre totalement en paradis – je veux dire en parasite.

honte

On oublie toutes les douleurs ; mais on n’oublie aucune humiliation.

fanatisme

On se méfie des finauds, des fripons, des farceurs ; pourtant, on ne saurait leur imputer aucune des grandes convulsions de l’histoire… L’humanité leur doit le peu de moments de prospérité qu’elle connut… Le fanatique, lui, est incorruptible : si pour une idée, il tue, il peut tout aussi bien se faire tuer pour elle ; dans les deux cas, tyran ou martyr, c’est un monstre ; les grands persécuteurs se recrutent parmi les martyrs auxquels on n’a pas coupé la tête…

haine

On voudrait parfois être cannibale, moins pour le plaisir de dévorer tel ou tel que pour celui de le vomir.

vie

Or, puisqu’il n’y a de statut ni dans l’existence, ni dans le néant, que crèvent donc ce monde et ses lois éternelles !

vie

Pardonnerai-je jamais à la terre de m’avoir compté parmi les siens à titre d’intrus seulement ?

solitude

Par quelle supercherie deux yeux nous détournent-ils de notre solitude ? Est-il faillite plus humiliante pour l’esprit ?

psychologie

Personne ne fait de la psychologie par amour : mais plutôt par une envie sadique d’exhiber la nullité de l’autre, en prenant connaissance de son fond intime, en le dépouillant de son auréole de mystère.

paresse

Pour éveiller le monde, il faut exalter la paresse. C’est que le paresseux a infiniment plus de sens métaphysique que l’agité.

écriture

  Pour un écrivain, il est préférable d’écrire sans rien dire que de lire. L’écriture est un exercice, la lecture ne l’est pas.
  (Ich habe mich… totgelesen.)
  Écrire une carte postale se rapproche plus d’une activité que lire la Phénoménologie de l’esprit.
  Une phrase de notre façon exige la mise en œuvre de toutes nos facultés ; il suffit d’un peu d’attention pour parcourir un texte.
  Les grands lecteurs sont des voluptueux, des paresseux, des abouliques, tout bonnemenent des gens qui fuient la responsabilité.
[…]
  (Je me suis tué à lire.)
[…]

suicide

Pouvoir disposer absolument de soi-même et s’y refuser, est-il don plus mystérieux ? La consolation par le suicide possible élargit en espace infini cette demeure où nous étouffons.

fanatisme

Que l’homme perde sa faculté d’indifférence : il devient assassin virtuel ; qu’il transforme son idée en dieu ; les conséquences en sont incalculables. On ne tue qu’au nom d’un dieu ou de ses contrefaçons. Les époques de ferveur excellent en exploits sanguinaires : Ste-Thérèse ne pouvait qu’être contemporaine des autodafés, et Luther du massacre des paysans…

lecture

Quel plaisir d’avoir sous la main un mystique allemand, un poète hindou ou un moraliste français, à l’usage de l’exil quotidien !
Lire jour et nuit, avaler des tomes, ces somnifères, car personne ne lit pour apprendre mais pour oublier, remonter jusqu’à la source du cafard en épuisant le devenir et ses marottes !

individu

Quelqu’un a dit très bien qu’« exister, c’est être distinct ». – On cesse d’exister dans tout régime, religieux ou politique, qui supprime l’hérésie, la volonté d’aller contre le dogme ou le courant.

mort

Quiconque n’est pas mort jeune mérite de mourir.

diable

Qui ne pactise pas avec le diable n’a aucune raison de vivre, car le diable exprime symboliquement la vie mieux que Dieu lui-même.

Dieu

Qui, plus que nous mortels, a souffert de ce qu’Il ne sait pas ce qu’Il aurait dû être ?

conviction

Regardez autour de vous : partout des larves qui prêchent ; chaque institution traduit une mission… La société est un enfer de sauveurs ! Ce qu’y cherchait Diogène avec sa lanterne, c’était un indifférent… Il me suffit d’entendre quelqu’un parler sincèrement d’idéal, d’avenir, de philosophie, de l’entendre dire "nous" avec une inflexion d’assurance, d’invoquer "les autres" et s’en estimer l’interprète pour que je le considère mon ennemi…

vie

Sans ce pressentiment de la nuit qu’est Dieu, la vie serait un crépuscule enchanteur.

suicide

Sans l’idée du suicide, je me serais certainement tué.

mort

Seul un médiocre souhaitera, pour mourir, atteindre le stade de la vieillesse. Souffrez donc, enivrez-vous, buvez la coupe du plaisir jusqu’à la lie, pleurez ou riez, poussez des cris de joie ou de désespoir – il n’en restera rien de toute manière. Toute la morale n’a d’autre but que de transformer cette vie en une somme d’occasions perdues.

action

Si Dieu pouvait imaginer quel poids représente pour moi le moindre acte, il succomberait à la miséricorde ou me céderait sa place. Car mes impossibilités ont quelque chose d’infiniment vil et de divin tout ensemble. On ne peut être moins fait pour la terre que je ne suis. J’appartiens à un autre monde, autant dire que je suis d’un sous-monde. Un crachat du diable, voilà de quoi je suis pétri. Et pourtant, et pourtant !

Dieu

Si j’essaie de penser à ce qui pourrait encore me rapprocher de Dieu, je sens une vague de pitié qui monte vers ses hauteurs abandonnées. On voudrait faire quelque chose pour ce grand Esseulé.

Dieu

Si la vérité n’était si ennuyeuse, la science aurait vite fait de mettre Dieu au rancart. Mais Dieu, tout comme les saints, est une occasion d’échapper à l’accablante banalité du vrai.

qualité

Son manque de talent frisait le génie…

douleur

Sur le plan spirituel, toute douleur est une chance ; sur le plan spirituel seulement.

divinité

Tant qu’il y aura encore un seul dieu debout, la tâche de l’homme ne sera pas finie.

infini

Tous ceux que fascine l’infini ne se trouvent-ils pas sur le chemin du délire ?

malheur

Tous les êtres sont malheureux ; mais combien le savent ?

quotation

  Tout ce que j’ai de bon vient de ma paresse ; sans elle, qui m’aurait empêché de mettre en application mes mauvais desseins ? Elle m’a heureusement contenu dans les limites de la « vertu ».
  Tous nos vices viennent de l’excès d’activité, de cette propension à nous réaliser, à donner une apparence honorable à nos travers.

travail

  Tout ce que l’homme fait m’apparaît artificiel et inutile. L’animal seul trouve grâce à mes yeux. Quelle absurdité que ce singe qui va au bureau ! Se confiner dans une chambre se mettre à sa table de travail, y rester pendant des heures, – non, la dernière des bêtes est plus près de la vérité que l’homme.
  Et quand je pense à cette race maudite de fonctionnaires qui emploient leurs journées à s’occuper de choses qui ne les regardent pas, qui n’ont rien de commun avec leurs soucis ou leur être même ! Personne, dans la vie moderne, ne fait ce qu’il devrait faire, ce qu’il aimerait faire surtout. Et quand je pense aussi que le paysan est en voie de disparition ! Décidément, rien ne pourra jamais me réconcilier avec l’avenir de l’homme.

pessimisme

Toute amertume cache une vengeance et se traduit en un système : le pessimisme, – cette cruauté des vaincus qui ne sauraient pardonner à la vie d’avoir trompé leur attente.

réflexion

Une constatation que je peux vérifier, à mon grand regret, à chaque instant : seuls sont heureux ceux qui ne pensent jamais, autrement dit ceux qui ne pensent que le strict minimum nécessaire pour vivre. La vraie pensée ressemble, elle, à un démon qui trouble les sources de la vie, ou bien à une maladie qui en affecte les racines mêmes. Penser à tout moment, se poser des problèmes capitaux à tout bout de champ et éprouver un doute permanent quant à son destin, être fatigué de vivre, épuisé par ses pensées et par sa propre existence au-delà de toute limite, laisser derrière soi une traînée de sang et de fumée comme symbole du drame et de la mort de son être – c’est être malheureux au point que le problème de la pensée vous donne envie de vomir et que la réflexion vous apparaît comme une damnation. Trop de choses sont à regretter. Ainsi, je me demande si ce monde mérite réellement mon regret.

savoir

Un jour l’homme abolira le savoir et le pouvoir, il y renoncera, ou alors en mourra.